
Certaines chaînes d’hôtels parmi les plus prestigieuses du royaume emploient plus de 60% de main d’œuvre étrangère et de plus en plus d’Européens de l’Est. Et les candidats étant nombreux, les patrons oublient parfois le droit du travail. Dans le domaine de l’agriculture, on trouve aussi de nombreux employeurs qui paient 130 livres la semaine mais demandent 80 livres pour le logement ! Le Financial Times rapporte une affaire dans laquelle un employeur exigeait 50 livres par semaine pour emmener les employés sur leur lieu de travail en minibus. Plusieurs affaires ont été portées devant les tribunaux, mais l’immense majorité des victimes avait jusqu’à présent du mal à faire reconnaître ses droits.
Alors ceux qui en ont eu assez de ne pas comprendre les formulaires d’embauche, de se faire licencier au bout d’une semaine ou de se voir congédier par SMS ont décidé de prendre les devants et de créer des branches polonaises dans les syndicats traditionnels (comme le GMB, le plus grand syndicat britannique), une première depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Depuis, il n’est pas rare de voir des Polonais travaillant plus de 60 heures par semaine rejoindre les rangs des syndicats.
Selon the Guardian, ils ont par ailleurs pris contact avec des syndicats polonais comme Solidarnosc pour diffuser de l’information en Pologne sur le droit du travail sur le marché britannique. Le GMB a ouvert un site en polonais pour informer les migrants sur leurs droits et distribue des bulletins d’adhésion dans plusieurs langues européennes. Par ailleurs, de nombreuses annonces sont diffusées dans les quotidiens polonais.On a beaucoup parlé en France de l’afflux potentiel de travailleurs venant d’Europe de l’Est. Pour l’instant, les « mesures transitoires » prises par Paris sur la libre circulation des travailleurs leur ferment pour une bonne part le marché du travail.Les Anglais ont laissé la porte grande ouverte et se rendent aujourd’hui compte que les travailleurs de l’Est n’ont pas moins envie que les locaux de faire reconnaître leurs droits.