Lorsque l’on se promène dans les lieux touristiques de Vienne, Sissi et Mozart sont omniprésents. Sissi, impératrice Elisabeth d’Autriche, était une princesse bavaroise qui préférait Budapest à Vienne ; Wolfgang Amadeus Mozart est né à Salzbourg, alors principauté du Saint-Empire romain germanique hors de l’empire Habsbourg. Vienne met en avant, les "stars" de son ancien Empire, mais a-t-elle retrouvé au début du XXIe siècle une influence sur cet espace d’Europe centrale, de la Slovénie à la Bohême tchèque en passant par les territoires hongrois et slovaque ?
Lorsque l’on se promène dans les lieux touristiques de Vienne, Sissi et Mozart sont omniprésents. Sissi, impératrice Elisabeth d’Autriche de 1854 à 1898, était une princesses Bavaroise qui préférait Budapest à Vienne ; Wolfgang Amadeus Mozart est né à Salzbourg, alors principauté du Saint-Empire romain germanique hors de l’empire Habsbourg. Vienne met en avant, pour ses nombreux visiteurs, les stars de son ancien Empire, mais a-t-elle retrouvé au début du XXI siècle une influence sur cet espace d’Europe centrale, de la Slovénie à la Bohême tchèque en passant par les territoires hongrois et slovaque ?
Du multiculturalisme du début du XXe siècle à la neutralité et la monotonie de l’après-guerre
À la fin de la Première Guerre mondiale et la chute de l’empire Habsbourg, Vienne perdit sa raison d’être comme capitale impériale. La Vienne de 1900, c’est sans doute Stefan Zweig qui la décrit le mieux, bien que cette description soit celle d’un monde qui n’existe plus et qu’il regrette dans son autobiographie Le Monde d’hier écrit en exil. Il écrit :
“Il n’y avait guère de ville en Europe où l’aspiration à la culture fût plus passionnée qu’à Vienne. (...) L’empire des Habsbourg, qui avait dominé l’Europe, avait vu depuis longtemps se détacher de lui ses provinces les plus importantes et les plus prospères, allemandes et italiennes, flamandes et wallonnes ; la capitale était restée intacte dans son ancienne splendeur, asile de la cour, conservatrice d’une tradition millénaire. (...) À la cour, dans l’aristrocratie, dans le peuple, les sangs allemand, slave, hongrois, espagnol, italien, français, flamand s’étaient mêlés, et ce fut le génie propre de cette ville de la musique que de fondre harmonieusement tous ces contrastes en une réalité nouvelle et singulière, l’esprit autrichien, l’esprit viennois.”
Puis lors de l’occupation nazie et de la Seconde Guerre mondiale, Vienne perdit ses Juifs. À la veille de l’Anschluss en 1938, ils étaient près de 190 000 ; en 1945, Vienne comptait moins d’un millier de Juifs.
De 1945 à 1955 la ville est, comme Berlin, divisée en quatre secteurs : soviétique, américain, britannique et français. Les troupes alliées quittent l’Autriche après la signature d’un traité de de paix (15 mai 1955) qui reconnaît son indépendance ainsi que sa neutralité. L’Autriche devient une tranquille “république alpine”, loin des fastes et des ambitions de son ancien empire. Pourtant, du fait de sa neutralité décidée en 1955, elle n’est membre ni de l’OTAN, ni de la CEE.
Cela ajouté à sa situation géographique (bien plus à l’est que Berlin ou Prague), Vienne est choisie comme siège pour de nombreuses organisations internationales :
- Elle est l’un des quatre sièges de l’ONU (avec New York, Genève et Nairobi) depuis 1980. S’y trouve entre autres l’Office des Nations unies contre la Drogue et le Crime, le secrétariat de la Commission des Nations unies pour le Droit Commercial International, le Comité scientifique des Nations unies sur les effets des radiations atomiques et l’Organisation des Nations unies pour le Développement industriel ;
- L’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA), créée en 1957, siège à Vienne ;
- L’OPEP est installée depuis 1965 à Vienne ;
- et enfin le Secrétariat de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en Europe, devenue l’OSCE en 1995, y siège.
La marche vers "l’Est"
Tournée vers l’international, Vienne l’est certainement et pas seulement du fait de cette présence de nombreux diplomates et organisations internationales, qui participe sans doute à faire de Vienne la première ville au monde pour le tourisme d’affaires.
Ainsi l’aéroport de Vienne est devenu un lieu pivot des connexions vers l’Europe danubienne, balkanique et orientale. Sur le planning des vols prévus prévus pour le semestre d’hiver 2009/2010 publié sur le site de l’aéroport, il apparaît que 27 des 128 des destinations directes depuis Vienne le sont à destination de ces régions. De Paris, Bruxelles, Londres ou Francfort, pour rejoindre Sarajevo ou les villes d’Ukraine, il est plus facile de passer par Vienne.
Économie ouverte, l’Autriche a doublé ses exportations vers ces régions d’Europe entre le milieu des années 1990 et le milieu des années 2000. Si l’Allemagne et l’Italie restent respectivement son premier et son deuxième partenaire commercial, près du tiers de ses investissements à l’étranger ont lieu dans l’Europe danubienne et balkanique. Elles est notamment le premier investisseur étranger en Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine et Bulgarie, et le deuxième en Roumanie. La Croatie et la Turquie étaient en 2007 les deux premiers pays destinataires d’investissements directs étrangers (IDE) autrichiens.
Parallèlement à cette ouverture économique et sa libre circulation des biens et services, l’Autriche, à commencer par sa capitale, a été confrontée à la circulation des personnes. Au début des années 1990 (avec un pic très sensible en 1991), le nombre de résidents étrangers en Autriche a presque doublé, provenant essentiellement (plus de la moitié) des anciennes démocraties populaires, de l’ancienne Union soviétique et d’ex-Yougoslavie. Or, cet afflux soudain a provoqué pour une partie de la population une réaction de rejet, qui s’est entre autre traduite dans certains succès électoraux des partis populistes d’extrême-droite.
Aujourd’hui, 60% des étrangers en Autriche proviendraient d’un autre État membre de l’Union européenne. Or, c’est le seul État avec l’Allemagne à avoir maintenu les restrictions temporaires à la libre circulation des travailleurs des huit États d’Europe centrale et orientale, plus de cinq années après leur adhésion.
Attrayante sur le plan économique – bien que l’année 2009 fut, comme ailleurs, difficile pour l’économie autrichienne, qui a connu sa pire récession depuis cinquante ans – l’Autriche a cependant “mieux résisté que d’autres pays de l’OCDE” précise l’organisation économique.
L’attrait culturel, scientifique et universitaire de la ville d’ 1,7 million d’habitants semble encore en transition. Elle joue au maximum la carte de ses “stars” – Mozart, Sissi, Freud, le Jugenstil – ; elle dispose des collections artistiques variées entre musées classiques, grandes expositions et art contemporain ; et enfin, la musique est toujours au coeur de la ville.
Mais cela pourrait-il suffire pour faire revivre la Vienne fantasmée de Stefan Zweig ?
Pour aller plus loin
Sur Nouvelle Europe
- Dossier de janvier 2010 : L'Europe capitale(s)
Sur Internet
- Données du site Migration policy institue sur les étrangers en Autriche et leurs origines.
- Rapport de l'OCDE sur l'économie autrichienne en 2009.
- Reportage de France 24 du 19 octobre 2009 : L'Autriche, un eldorado pour les anciens pays de l'Est.
Source photo : Nouvelle Europe