Pour une Université de l'Europe à Strasbourg

Par admin | 30 mars 2008

Pour citer cet article : admin, “Pour une Université de l'Europe à Strasbourg”, Nouvelle Europe [en ligne], Dimanche 30 mars 2008, http://www.nouvelle-europe.eu/node/449, consulté le 02 avril 2023
article.pngappel_ue.jpgLa Fondation pour l'Innovation Politique a lancé au mois d'octobre 2007 un appel à la création d'une Université de l'Europe à Strasbourg. Nouvelle Europe s'associe à cet appel et apporte sa pierre à l'édifice : quel rôle cette Université pourrait-elle jouer dans l'éducation à l'Europe ?

appel_ue.jpgarticle.pngLa Fondation pour l'Innovation Politique a lancé au mois d'octobre 2007 un appel à la création d'une Université de l'Europe à Strasbourg. Nouvelle Europe s'associe à cet appel et apporte sa pierre à l'édifice : quel rôle cette Université pourrait-elle jouer dans l'éducation à l'Europe ? Dans ce projet, présenté le 28 mars 2008, plusieurs dimensions peuvent être discernées.

 

Une ambition : le projet

 

Plus qu'une ambition, l'idée d'une Université de l'Europe a été qualifiée par le député polonais Geremek d'utopie. Ce terme est revenu dans maintes interventions, pourtant, le projet est simple et dans la lignée du projet européen lui-même. Les pères fondateurs de l'Europe ont eu le génie d'allier utopie et réalisme au sortir de la Seconde Guerre mondiale et ces ingrédients semblent bien présent dans cette idée. D'ailleurs, personne ne croyait à leur idée, pas plus qu'à celle des promoteurs du programme Erasmus.

 

Il s'agit d'abord d'un rêve : un lieu d'éducation qui soit réellement européen et dans lequel tous les Européens et leurs voisins puissent venir acquérir, en formation initiale ou au cours de leur vie, les outils de leur progression intellectuelle et professionnelle. Comme le soulignait Geremek, la création d'une génération d'"Erasmiens" a été gérénateur d'un formidable souffle pour l'Europe. Il ne faut pas que l'Europe limite son action aux seuls 1% d'étudiants, généralement déjà éduqués et plutôt aidés, qui bénéficient du programme Erasmus.

L'enseignement serait l'occasion de revenir aux fondamentaux de l'idéal classique : le retour à un véritable humanisme européen. Trois collèges - sciences exactes, sciences de la vie et sciences humaines - permettraient aux étudiants de pouvoir s'ouvrir aux mixités du savoir, un des défis de l'éducation de demain dans un univers intellectuel de plus en plus fragmenté.

Le lieu qui a été imaginé pour accueillir ce projet novateur est tout simplement Strasbourg. Les locaux du Parlement européen sont innocupés 26 jours par mois, ils devraient permettre l'installation d'une Université de l'Europe.

Enfin, la définition du public semble être l'une des principales novations du projet : un accent décisif sera mis sur la formation des Européens tout au long de la vie, l'une des priorités actuelles de l'Union européenne. Un autre public trouverait naturellement sa place à Strasbourg : les jeunes leaders issus des pays voisins de l'UE. A l'Est, on trouve des "universités européennes", bénéficiant largement de fonds européens, à Saint Petersbourg, à Moscou ou à Vilnius - anciennement à Minsk -. Les étudiants de ces universités sont les interlocuteurs de demain de Bruxelles et il serait suicidaire de se désintéresser de leur sort, comme de celui de ceux qui sont issus du bassin méditerranéen.

 

Un enjeu : vaincre les résistances par l'imagination

Si le projet est séduisant, les obstacles seront nombreux. Ils viendront tout d'abord des universités existantes qui verront d'un mauvais oeil la création d'une telle université. Par ailleurs, les institutions déjà soutenues par la Commission européenne comme le Collège d'Europe ou l'Institut Européen de Florence risquent de s'opposer au projet.

C'est pour cela qu'il est nécessaire que l'Université de l'Europe trouve un créneau d'action qui ne suscite pas l'opposition irréductible de puissantes institutions existantes. Pour cela, il semble que l'idée de la formation tout au long de la vie soit l'espace naturel de cette Université de l'Europe.

L'autre risque est celui de l'inertie, des discussions infinies. Pour cela, le soutien des autorités françaises est décisif : après le referundum perdu de 2005, la France doit redevenir une force de proposition pour l'Europe. Or, l'idée de localiser cette université à Strasbourg pourrait être l'une de ses réalisations-phares de la décennie. Tous nos partenaires ne seront pas d'accord, il vaut mieux commencer petit mais commencer maintenant, avec ceux qui sont prêts à ce joindre à ce projet.

La présidence française serait le moment idéal pour lancer cette idée.

 

Une proposition : former les Européens à l'Europe

Une des missions que l'Université pourrait se donner serait de "former les formateurs". Le constat de la faiblesse de l'enseignement des questions européennes dans les Etats membres est unanime. Si un Institut de pédagogie européenne trouvait sa place dans l'Université, il pourrait recevoir des professeurs de toute l'Europe et leur permettre de travailler ensemble à des outils novateurs de pédagogie européenne.

L'un des défis de l'Université de l'Europe est, comme pour toute grande université, de combiner recherche et enseignement. Or, l'exemple concret de la formation des professeurs semble pouvoir réconcillier ces deux dimensions : travailler sur des projets, apporter des idées de toute l'Europe et partir des diffuser. Là devrait résider l'une des grandes ambitions de l'UE. L'Université de l'Europe pourrait devenir l'Alma Mater du programme HUMBOLDT que Nouvelle Europe appelle de ses voeux pour un véritable Erasmus des professeurs en Europe.

Quand 1% des étudiants européens sont mobiles, c'est formidable. Quand 1,9% des professeurs d'université sont mobiles, c'est superbe. Quand 1% des professeurs du primaire et du secondaire sont mobiles, c'est une Révolution. Pensons que l'idée de l'Europe ne doit plus rester le propre d'élites surdiplômées. Formons les formateurs !

 

Pour aller plus loin :

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HUMBOLDT : un Erasmus des profs
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Mobilité des “cerveaux” et citoyenneté européenne : des facteurs d’intégration pour l’UE
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Libre circulation: les principes
   
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