Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy : priorité à l'emploi des jeunes en Europe

Par Tanguy Séné | 23 mai 2014

Pour citer cet article : Tanguy Séné, “Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy : priorité à l'emploi des jeunes en Europe”, Nouvelle Europe [en ligne], Vendredi 23 mai 2014, http://www.nouvelle-europe.eu/node/1825, consulté le 02 avril 2023

Taux de chômage records, enchaînement de stages sous-payés : pour beaucoup de jeunes en Europe, l’avenir est devenu de plus en plus préoccupant.  Nouvelle Europe interroge Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy, candidate socialiste aux élections européennes en Ile-de-France, sur ce que peut faire l’Union européenne pour y remédier.

On a beaucoup parlé au niveau européen de la « Garantie pour la jeunesse », activement soutenue par le Parti socialiste européen. Comment fonctionne cette mesure en pratique ? Que représente-t-elle comme valeur ajoutée, par rapport à des mesures comme les contrats jeunes subventionnés ?

Le chômage qui touche la jeunesse européenne atteint des niveaux inacceptables : près de 6 millions de jeunes sont sans emploi et 7,5 millions sans emploi ni formation. Nous, socialistes européens, ne pouvons tolérer qu'une génération soit sacrifiée et ne s'insère pas dans le monde du travail. Depuis le début de notre campagne, nous avons mis l’emploi des jeunes au sommet de nos priorités.

L’Europe doit redonner aux jeunes la confiance dont ils ont besoin pour se réaliser. Le sens de la « Garantie pour la jeunesse », pour laquelle les socialistes européens se sont battus au Parlement européen, c’est de permettre dans les quatre mois à un jeune sans emploi ou sortant du système éducatif de se voir proposer une nouvelle formation, un enseignement, un apprentissage ou un emploi. Ce dispositif, à valeur ajoutée européenne, sera complémentaire aux mesures déjà prises par le gouvernement français, comme les contrats d’avenir, pour lutter contre le chômage des jeunes.

Avec Martin Schulz, les socialistes européens proposent d’augmenter le budget de la Garantie jeunesse à 21 milliards d'euros, au lieu des 6 milliards d'euros prévus.  Nous voulons également que les jeunes chômeurs de moins de 30 ans puissent bénéficier du dispositif, et non seulement les moins de 25 ans.

De nombreux jeunes européens sont parfois contraints, dans des marchés du travail difficiles, d’enchaîner des stages exigeants en qualifications mais bien moins en termes de rémunération/conditions de travail (même certains services de l’UE proposent des stages non rémunérés). Est-ce que vous pensez que l’UE peut agir dans ce domaine, et si oui, comment ?

De nombreux jeunes enchaînent en Europe les stages sous-payés (voire impayés), sans bénéficier d'aucune protection sociale, tout en étant soumis aux mêmes exigences que leurs collègues-employés.

Certaines entreprises malveillantes font du profit sur leur dos et les utilisent comme de la main-d'œuvre bon marché. Pour cesser les abus liés aux stages, les socialistes européens demandent une législation européenne définissant des normes communes de qualité pour les stages, sur le même modèle que la loi adoptée en France.

Ce cadre européen assurerait aux jeunes stagiaires la limitation de leur temps de travail, une rémunération décente ainsi qu'un ensemble de prestations sociales.

Vous avez aussi soutenu durant votre campagne une plus grande mobilité (des étudiants, des apprentis…). Pourquoi est-ce important selon vous pour la jeunesse européenne en général, et française en particulier ?

Seule l’Union européenne peut donner de nouvelles perspectives, celles de découvrir d’autres pays, de se former ou de travailler ailleurs. La mobilité pour les jeunes européens, c’est l’assurance d’une ouverture au monde fondamentale pour développer un sentiment d’appartenance à l’Europe. Parce que l’identité européenne est le seul horizon possible face aux égoïsmes nationaux.

Pour renforcer la mobilité européenne, nous avons le projet de mettre en place un véritable service public européen de l’enseignement supérieur et de créer un fonds européen d’aide à la mobilité étudiante. Nous pourrions aussi proposer d’étendre à l’échelle européenne notre modèle de volontariat civil en entreprise (VIE). Un modèle de VIE européen permettra une insertion plus rapide dans le monde de l’entreprise.

La mobilité ne doit pas être réservée aux seuls étudiants mais doit concerner chacun, quel que soit le métier auquel il se destine, qu’il soit futur tourneur ou ingénieur. Le nouveau programme Erasmus+ sera ainsi élargi aux apprentis et le programme Leonardo renforcé. Il permettra aux jeunes de toucher une bourse de mobilité non seulement pour des études à l'étranger, mais aussi pour des stages.

Enfin, grâce aux socialistes européens et à leur travail au Parlement européen, la reconnaissance des qualifications professionnelles et des stages sera demain une réalité en Europe, sur le modèle de la reconnaissance des diplômes.

En deux mots, votre vision de l’Europe ?

L’Europe, c’est la réalisation de la paix, c’est la possibilité du « vivre ensemble » après s’être promis, à l’issue de deux guerres mondiales, « plus jamais ça ». C’est un projet d’intégration qui offre des opportunités uniques d’ouverture vers le monde et d’enrichissement à travers l’autre. Au-delà de la paix et de la stabilité, la seconde promesse du projet européen, c’est la perspective d’une vie meilleure grâce à la prospérité et la démocratie, au-delà des frontières et des origines.

La conviction des socialistes européens, c’est que l’Europe doit changer, en faveur de la croissance et de l’emploi, en particulier pour les jeunes. Grâce à une majorité socialiste au Parlement européen, avec Martin Schulz à la tête de la Commission européenne, nous pourrons réorienter l’Europe et offrir de meilleurs horizons pour la jeunesse. Les socialistes européens miseront tout sur les jeunes, car ce seront eux qui feront l’Europe de demain.

 

Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy est députée européenne socialiste d'Ile de France depuis le 9 avril 2014. Elle est également candidate en 3ème position sur la liste Ile de France-Français de l’étranger du Parti socialiste pour les élections européennes du 25 mai prochain. Conseillère régionale d’Ile-de-France depuis 2004 à la commission des transports, elle a commencée son parcours militant en 1995 au Parti socialiste en participant à la campagne présidentielle de Lionel Jospin, au sein de son service de presse.

Source photo: Christine Revault d'Allonnes-Bonnefoy