
Alors que le traité de Lisbonne est en passe d'être ratifié par tous les Etats Membres de l'Union européenne, la quête d'une figure pour incarner l'UE comme Président du Conseil européen commence à peine. Quelle dimension géographique pouvons-nous donner à ce débat ?
À la recherche de la perle rare
Le titulaire du poste devra - outre le fait d'être un Européen exceptionnel - remplir plusieurs critères sur lesquels tout le monde semble être d'accord.
Tout d'abord, il faudra, selon l'avertissement de la Commissaire européenne Margot Wallström, respecter la parité homme / femme. En effet, alors que ce principe est inscrit dans le traité, il apparaîtrait étrange que le Président du Conseil européen, le Haut-Représentant pour la politique étrangère, le Président de la Commission européenne et le Président du Parlement européen soient quatre hommes. Or, les deux derniers sont déjà connus (J. M. Barroso et J. Busek). Il faudra donc qu'au moins l'un des deux premiers soit une femme.
Ensuite, il faudra respecter l'équilibre européen entre grands et petits pays. Or, il est probable que l'élu soit issu d'un petit pays. Ceux-ci sont en effet très inquiets de voir un grand pays comme l'Allemagne ou la France détenir une position aussi centrale alors qu'ils ont un poids déjà si important dans la prise de décision. Ils se font aussi les défenseurs de la Commission qui risque de sortir affaiblie de cette réforme. Par ailleurs, les grands eux-mêmes accepteraient mal de voir l'un d'entre eux remporter la mise.
D'autres affirment, comme les pays du Bénélux, que le candidat doit être issu d'un État qui soit au coeur de l'Europe des cercles, c'est-à-dire venir d'un pays qui soit dans la zone euro et dans Schengen. Cette revendication n'est pas étonnante dans la mesure où chacun des pays du Bénélux a son ou ses candidats.
Dernier clivage, qui a son importance, la répartition droite / gauche. Dans la mesure où la droite européenne (le PPE) est majoritaire au niveau des chefs d'États et de gouvernements, il apparaît probable que ces derniers demandent que le Président du Conseil européen soit issu de leurs rangs. Dans ce cadre, la promesse aurait été faite aux socialistes que l'un des leurs pourrait briguer le poste de Haut-Représentant.
En reprenant ces critères, on se rend compte que le clivage anciens / nouveaux États membres n'est pas fondamental. De toutes façons, beaucoup estiment que les nouveaux ont déjà un des leurs à la tête du Parlement européen et ils ne font pas partie (sauf la Slovaquie et la Slovénie) du cercle plus intégré des États européens (zone Euro / Schengen).
Essai de cartographie
Si l'on essaie de cartographier ces éléments et de lister les principaux candidats, que trouvons-nous ?

On constate que la majorité des candidats sont issus du cercle d'États les plus intégrés, avec en sus, deux candidatures anglo-saxonnes, celle de Tony Blair et celle de Mary Robinson (Irlande) qui semble avoir le vent en poupe, d'autant qu'elle est la seule femme ayant réellement ses chances.
Une fois ces critères mis sur papier, on constate que la liste des candidats est forcément réduite et que l'idée d'une Europe concentrique trouve ici une manifestation particulièrement forte de son pouvoir de légitimation : elle apparaît comme la plus légitime à présenter des candidats.
Pour aller plus loin
Sur Internet
- (E-toile) Et si le Président était une Présidente… (septembre 2009)
- (E-toile) Président du Conseil européen : un portrait robot made in US (octobre 2009)
- QUATREMER, Tony Blair, président du Conseil européen, Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères de l’Union ? Coulisses de Bruxelles (septembre 2009)
- WALLSTRÖM, M., Des femmes pour l'Europe !, Le Monde, 21 mai 2008