Les priorités de la présidence slovène de l'Union européenne

Par Fabienne Vauguet | 1 janvier 2008

Pour citer cet article : Fabienne Vauguet, “Les priorités de la présidence slovène de l'Union européenne”, Nouvelle Europe [en ligne], Mardi 1 janvier 2008, http://www.nouvelle-europe.eu/node/378, consulté le 02 juin 2023

peuikona75x40 Membre de l'Union européenne depuis mai 2004, la Slovénie a été le premier des Etats du grand élargissement à l'Est à adopter l'Euro, au début de cette année. Aujourd'hui, elle fait de nouveau figure de pionnière en prenant, au 1er janvier 2008 et ce jusqu'à fin juin, la présidence de l'Union européenne. Epaulée dans sa préparation par l'Allemagne et le Portugal, dans le cadre de leur programme conjoint, la Slovénie poursuivra leurs objectifs communs, mais s'attachera à la réalisation de ses propres priorités, au nombre de cinq.

La poursuite de la stratégie de Lisbonne, pour "plus de croissance et d'emploi" en Europe

A la suite du rapport annuel sur la stratégie de Lisbonne, rendu mi-décembre 2007 par la Commission européenne, la Slovénie animera, les 13 et 14 mars prochains, le sommet de printemps réunissant les dirigeants de l'Union européenne. Ils y lanceront, avec force, le deuxième cycle du processus (2008-2010), devant permettre de relever le défi de la mondialisation.

Dans ce cadre, la Slovénie veut accentuer son action sur plusieurs politiques : la recherche et l'innovation, le développement d'un environnement plus compétitif pour les affaires, l'adaptation du marché du travail tout en répondant aux enjeux démographiques de l'Europe.

La ratification du Traité de Lisbonne

La signature récente du Traité de Lisbonne a donné un nouvel objectif à la Slovénie : réussir qu'une majeure partie des Etats membres ait ratifié le texte pendant sa présidence, mais aussi avant les prochaines élections européennes en 2009.

Une politique énergétique efficace, à même de participer à la lutte contre le changement climatique

L'année 2007 aura été marquée par une prise de conscience forte, tant au niveau mondial, par la remise du prix Nobel de la paix à Al Gore, qu'européen par l'annonce de programmes d'actions plus précis en matière d'énergie et de lutte contre le changement climatique.

Avec le souhait de positionner l'Europe comme la référence mondiale face au défi climatique, le Conseil européen a fixé en mars 2007 de nouveaux objectifs : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20%, tout en assurant l'utilisation de 20% de sources d'énergie renouvelables dans la palette énergétique de l'Union européenne. Il a aussi été demandé de réduire la consommation globale d'énergie primaire de l'Union de 20% d'ici à 2020. Une tarification du carbone par un système d'échange de quotas d'émission est également envisagée.

Depuis, la Commission a lancé, en novembre 2007, un "plan stratégique européen pour les technologies énergétiques", avec l'idée d'offrir "un avenir moins pollué en carbone". La Slovénie aura de fait un rôle quelque peu difficile, mais crucial, dans l'ouverture et l'animation des discussions autour de mesures plus strictes que présentera la Commission européenne fin janvier 2008

La poursuite du processus d'élargissement européen, notamment aux pays des Balkans occidentaux

C'est très certainement sur ce quatrième point que la Slovénie souhaite se démarquer pendant sa présidence. Les Balkans occidentaux sont une aire vitale pour son dynamisme économique : elle y est parmi les premiers exportateurs et investisseurs étrangers. Il est ainsi important pour la Slovénie que cette région des Balkans progresse vers une intégration européenne plus marquée. La tâche ne s'annonce pas facile.

En premier lieu, la Slovénie s'est officiellement positionnée pour que la Serbie obtienne le statut de candidat dans le cadre de l'accord de stabilisation et d'association à l'Union européenne, signé début novembre 2007. Elle a formulé la même demande pour la Macédoine, avec la possibilité de fixer une date précise pour le lancement des discussions.

La question de l'accession de la Serbie est intimement liée au statut futur du Kosovo. Or le Parlement serbe a voté le 26 décembre une résolution qui pourrait conduire le pays à renoncer à son intégration européenne si le Kosovo devenait indépendant, comme il semble se décider.

En deuxième lieu, la Slovénie est confrontée à une relation qui s'est tendue au cours des dernières années avec la Croatie, pays candidat. Dans une étude récemment publiée en ligne par le think tank Notre Europe, Manja Klemenčič nous rappelle les faits à l'origine du contentieux slovéno-croate. En 2004, quelques membres du Parti populaire slovène se rendent dans un territoire transfrontalier dont les limites ne sont pas clairement définies. Ils sont arrêtés par la police croate.

 

Au cours de l'année 2007, l'histoire connaît de nouveaux rebondissements. L'ancien Premier ministre slovène Rop annonce que l'incident de 2004 a fait l'objet d'un accord secret entre le Premier ministre croate Ivo Sanader et le leader slovène de l'opposition, Janez Jansa. L'ouverture d'une enquête parlementaire et l'appel manqué à un arbitrage international ont accentué la tension entre les deux voisins.

Le parti slovène au pouvoir se retrouve ainsi face à une situation politique doublement complexe. Au niveau européen, il souhaite montrer qu'il est à la hauteur de la mission que la Slovénie s'est vue confier : assurer une présidence efficace de l'Union, notamment par le dépassement des contentieux régionaux, tout en créant au niveau national, un contexte favorable pour les élections parlementaires qui suivront la fin de la présidence de l'UE.

Favoriser le dialogue entre les cultures, dans le cadre de l'Année européenne du dialogue interculturel en 2008

La Slovénie trouvera peut-être la voie de la réussite dans le renforcement des liens avec les Balkans occidentaux à travers le dialogue interculturel, célébré tout au long de l'année 2008. Rappelant la devise de l'Union, "Unie dans la diversité", le slogan de cette année européenne du dialogue interculturel, "Vivre dans la diversité" invite tous les citoyens d'une Europe élargie, à s'ouvrir à la culture et au patrimoine de chacun.

Premier Etat membre d'Europe centrale et orientale à assurer la présidence de l'Union européenne depuis l'élargissement, la Slovénie se trouve face à des défis de taille pour l'avenir de l'Union, tant au niveau politique qu'économique. Exercer avec brio la présidence a demandé à la Slovénie plusieurs années de préparation, comme la formation des responsables politiques nationaux, avec la possibilité d'offrir au pays une visibilité européenne et internationale inédite. C'est ce qui fait dire à Manja Klemenčič qu'il s'exerce un processus d'européanisation de la Slovénie, aussi bien dans une logique de top-down (à travers l'adaption des pratiques communautaires précises) que de bottom-up(par la position de présidence d'un petit Etat membre lors des réunions du Conseil européen). Rendez-vous fin juin 2008 pour un bilan de cette présidence...

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