
Le 13 mai, la Direction générale Entreprises et Industrie de la Commission européenne a publié un Eurobaromètre Flash sur « Le comportement des Européens vis-à-vis du tourisme », présenté le même jour par le vice-président de la Commission européenne Antonio Tajani à la Conférence européenne sur le tourisme organisée à Budapest par la présidence hongroise de l’UE et la Commission.
Les Eurobaromètres Flash sont des entretiens téléphoniques ad hoc réalisés sur un thème ou une politique spécifique à la demande d’un service de la Commission, qui permettent d’obtenir des résultats rapides et ciblés, pouvant servir de base à l’élaboration des politiques européennes. Le fait même de commanditer de tels sondages est révélateur de l’attention que la Commission porte à certaines thématiques. Il est donc intéressant de se pencher sur les principaux résultats de ce sondage, qui alimenteront sans doute la réflexion de la Commission autour de la politique européenne du tourisme.
Le sondage enquête à la fois sur le nombre et la fréquence des voyage réalisés, les caractéristiques, y compris financières, de ces voyages, les raisons de ceux qui n’ont pas pris de vacances, les considérations qui interviennent lors de la planification des voyages et les programmes pour les vacances de l’année 2011.
Ceux qui partent, ceux qui restent
L'Eurobaromètre s’ouvre sur une note positive : le tourisme en Europe semble se remettre de la crise économique, avec 68% des citoyens Européens ayant voyagés pour des raisons privées (donc hors voyages d’affaires) en 2010 comparé à 65% en 2009. Les réponses montrent cependant d’importantes différences entre, par exemple, la Hongrie et la Turquie (les pays candidats rentrant également dans le cadre du sondage), où respectivement 60% et 68% des sondés n’ont pas effectué de voyages personnels, et les pays du Nord (Finlande, Danemark, Pays-Bas, Suède, Luxembourg, Norvège, Irlande et Islande), où 8 personnes sur 10 affirmaient au contraire d’avoir voyagé au moins une fois en 2010.
De plus, les pays scandinaves sont également ceux qui enregistrent la plus haute fréquence de voyages (87 à 90% des sondés ayant pris des vacances ont effectué plus d’un voyage). Enfin, alors que la situation s’est considérablement améliorée en Lettonie, Malte, Italie, Bulgarie et Roumanie, Chypre et l’Estonie ont au contraire enregistré une hausse du nombre de personnes n’ayant pas voyagé en 2010. En cohérence avec de précédents sondages similaires, ce sont les citoyens les plus jeunes, les plus éduques et les plus urbains à avoir voyagé le plus.
Le fait de ne pas prendre de vacances est justifié en premier lieu par des raisons financières : en effet, 40% des répondants affirment que ce sont leurs problèmes économiques qui ont motivé leur décision de ne pas partir (alors que les autres options ne sont choisies que par 2 personnes sur 10 au plus). Ce pourcentage atteint même 50 ou 60% en Roumanie, Bulgarie, Hongrie, Grèce, Portugal et FYROM. Au contraire, les restrictions budgétaires ne sont prises en considération que par une minorité de Norvégiens, Suédois, Danois, Hollandais et surtout Belges (16%).
Ceux qui au contraire partent en vacances sont en premier lieu motivés par le désir de se reposer (36%). Les autres réponses, notamment prendre du soleil, rendre visite à des amis, visiter des villes, ne suivent que de loin, sauf dans les pays nordiques, pour qui « prendre le soleil » revêt une toute autre importance !
Des évolutions dans les « modes de consommation » des vacances
Le sondage révèle également des évolutions dans un secteur proche de celui du tourisme, à savoir les transports : les vols low-cost ont généralisé l’utilisation de l’avion pour se rendre en vacances (39%, contre 35% l’année précédente), alors que l’utilisation de la voiture est en nette diminution (44% contre 48% en 2009).
L’utilisation d’Internet comme moyen de réserver un paquet vacances est également en hausse (13% contre 11% en 2009), alors que 24% ont recours à une agence de voyage, mais une large majorité d’Européens préfère s’organiser de façon individuelle. Curieusement, le sondage ne précise pas combien parmi ceux qui organisent eux-mêmes leurs vacances le font à travers Internet et prend ainsi en considération seulement l’hypothèse où l'on utilise les nouvelles technologies pour réserver un paquet complet.
Internet revêt également un rôle important comme source d’informations lors de l’organisation des vacances (27% des sondées le considèrent comme la source d’information principale et 45% le citent parmi les deux premières, pourcentages qui augmentent considérablement dans les pays nordiques) même si les Européens font encore largement confiance au bouche-à-oreille (respectivement 29 et 58%).
Le choix du lieu
Les Européens gardent des différences entre eux également au moment de planifier les vacances : si par exemple 52% des Allemands s’intéresse avant tout à « l’attrait local » de la destination touristique et ne fait que très peu état du patrimoine culturel (23%), les Hollandais ne s’intéressent guère à l’attrait local (12%) et privilégient les aspects culturels (41%). Bien sûr, les aspects générationnels entrent également en jeu : si 29% des 15-24 ans cherchent avant tout le divertissement, ce pourcentage descend à 7% pour les plus de 54 ans.
Les citoyens de l’UE privilégient encore les destinations touristiques traditionnelles (58 %), tandis que 28 % d’entre eux souhaiteraient découvrir de nouvelles destinations, afin de connaitre la culture, la vie et les traditions locales (36%), mais également pour des questions économiques (un taux de change favorable – 21% – et des prix plus bas – 17%). Les pays nordiques se distinguent encore une fois pour donner bien plus importance aux aspects de « découverte » (de 51% en Suède à 63% au Danemark) qu’aux raisons financières alors que les pays de l’Est et du Sud de l’Europe, ainsi que l’Irlande, font d’avantage attention au budget.
En ce qui concerne les programmes des Européens pour 2011, 4 sondés sur 10 affirment vouloir passer les vacances dans son propre pays et 2 sur 10 dans un autre pays de l’Union. L’Italie est la destination de vacances prévue la plus fréquemment citée (11,5 %). L’Espagne vient en second lieu avec 8,6 %, suivie par la France (8,2 %). Ce classement est toutefois en partie influencé par le fait que 63% des Italiens n’envisagent pas quitter leur pays pour les vacances. Si on ne considère que les personnes souhaitant partir à l’étranger, l’Italie devient ainsi la seconde destination préférée, derrière l’Espagne et devant la France.
Ce sondage met donc en évidence des tendances communes à tous les pays mais également des différences assez marquées, motivées certes par des différences culturelles ou géographiques (les pays du Nord privilégiant des destination ensoleillées, les pays maritimes choisissant le plus souvent des vacances domestiques) mais également par des facteurs structurels tels que le taux de pénétration d’Internet (plus cet outil est diffusé et facile d’accès, plus haut est le pourcentage de répondants le considérant comme une source d’information ou un instrument privilégié) et bien sûr les conditions économiques, qui, comme nous l’avons vu, restent largement déterminantes dans les choix des Européens concernant leurs vacances.
Pour aller plus loin.
Sur Nouvelle Europe
- Dossier de juin 2011 : Voyager en Europe : le tourisme dans tous ses états
Sur Internet
- Eurobaromètre Survey on the attitudes of Europeans towards tourism (EB Flash 328), terrain février 2011, publication 13 mai 2011.
- Site web de la Commission européenne, page dédiée au tourisme.