
Comme sur les autres continents, les Européens sont de fervents amateurs de sports, trustant régulièrement les audiences. Au-delà du football-roi, leader dans tous les médias, ils sont friands de toute une diversité de sports et ici la Nouvelle Europe n'est pas en reste, et elle le prouve par des performances loin d'être anecdotiques.
Un terrain de jeu multiforme
Le football est sans conteste le sport populaire par excellence dans toute l'Europe, et de manière générale partout dans le monde entier. Les Européens apprécient néanmoins de nombreux autres sports et l'on peut même distinguer quelques spécificités régionales, parsemées d'anecdotes.
Commençons par le rugby : au-delà des VI Nations (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande - qui joue en équipe unifiée République d'Irlande et Irlande du Nord - France et Italie), le rugby est également populaire en Roumanie et en Géorgie, qui sont toutes deux régulièrement qualifiées pour la Coupe du Monde. N'oublions pas que les Géorgiens revendiquent l'invention de ce sport ! Le rugby émerge également de plus en plus en Europe centrale où la République tchèque, la Moldavie ou la Lituanie progressent dans le classement international. L'équipe de Lituanie détient par ailleurs un record mondial de 18 victoires consécutives, dépassant de ce fait la Nouvelle-Zélande !
Dans les pays d'Europe centrale et orientale, on retrouve certains sports qui sont bien plus populaires qu'à l'ouest. Par exemple, le basket-ball est plus prisé en Espagne, en Grèce, dans les Balkans, en Lettonie et en Lituanie. Les dix premières places sont ainsi occupées par six pays européens. Le handball est pour sa part une spécialité européenne. Croatie, Pologne, Danemark, Hongrie, Serbie et Slovaquie font ainsi parties du top 10 international, et 16 pays européens font parties du top 20, dont l'Islande et la France, plus reconnue pour ses résultats que pour sa place dans les médias.
Le hockey sur glace semble être une tradition plus nordique : Suède, Finlande, Danemark, Russie, mais aussi République tchèque, Slovaquie et Pologne. En effet, de nombreux joueurs de ces pays jouent pour la NHL (National Hockey League, le championnat des clubs américains et canadiens), où ils sont de véritables stars, à l'image de Mikael Samuelson (Suède). Alex Ovechkin et Pavel Datsyuk (Russie), Tomas, Plekanec (République tchèque) ou Marian Hossa (Slovaquie).
Nous ne pouvons terminer ce tour d'horizon sans mentionner le tennis, où l'on note depuis dix ans une poussée de joueurs et joueuses originaires d'Europe centrale et de l'ancienne Yougoslavie (Serbie et Croatie notamment). Dans le classement ATP, on retrouve ainsi Novak Djokovic (Serbie), Nikolai Davydenko et Mikhail Youzhny (Russie), Marin Cilic et Ivan Ljubicic (Croatie), Tomas Berdych et Radek Stepanek (République tchèque) font parties des 20 meilleurs joueurs mondiaux. Dans le tableau féminin, cette prédominance est encore plus marquante, notamment celle de l'école russe. Dinara Safina, Svetlana Kuznetsova, Elena Dementieva, Maria Sharapova, Nadia Petrova et Vera Zvonareva, (Russie), Jelena Jankovic (Serbie), Agnieszka Radwanska (Pologne), Victoria Azarenka (Biélorussie) dominent le classement WTA. La prochaine édition du tournoi de Roland Garros ne devrait pas faire démentir cette tendance.
On ne peut parler de diversité sportive européenne sans évoquer certaines particularités dans l'organisation des équipes nationales. Ainsi, le Royaume-Uni ne joue en tant que nation britannique que pour les Jeux olympiques ou les sports individuels. Pour les sports d'équipe, ils jouent par « région » (Angleterre, Pays de Galles, Écosse). Autre exemple, les Îles Féroé (région autonome du Danemark) ne jouent pas avec le Danemark, mais possèdent leur propre équipe.
Les performances insoupçonnées de la Nouvelle Europe
Ces exemples illustrent une partie de la diversité sportive européenne, trop souvent marquée dans les médias par les performances desdits « grands pays » (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume-Uni). On en oublierait celles de nos amis d'Europe centrale et orientale, qui amènent leur contribution à la réussite européenne. Ainsi, les dernières éditions des Jeux olympiques (Pékin 2008 et Vancouver 2010) ont offert au sport européen de belles récompenses.
Commençons par les derniers Jeux d'été. La Roumanie a dominé le marathon féminin avec Constantina Tomescu-Dita et obtenu trois médailles en gymnastique. L'équipe polonaise est allée chercher deux récompenses en aviron (une médaille d'or et une d'argent) et a accroché la France en finale d'épée par équipe (escrime). Les sports d'eaux ont vu pour leur part la puissance de la Hongrie : médaille d'or en water-polo, deux médailles d'or, deux d'argent et une de bronze en canoë-kayak et trois médailles d'argent de Laszlo Cseh en natation (400 mètres quatre nages, 200 mètres quatre nages et 200 mètres papillon). Le canoë-kayak fut aussi une discipline de choix pour la Slovaquie : l'or pour Michal Martikan en C-1 Canoé, Pavol Hochschorner en C-2 Canoé single double messieurs et pour Elena Kaliska en K-1 Kayak single, et l'argent en K-4 1000m par équipe. La République tchèque s'est distinguée quant à elle en tir : Katerina Emmons (l'or en 10 m Air rifle et l'argent en 50m carabine 3 positions) et David Kostelecky (l'or en Trap). En athlétisme, le Slovène Primoz Kozmus a obtenu l'or en lancer de marteau et l'Estonien Gerd Kanter en lancer de disque. À l'épreuve du pentathlon, la Lituanie a gagné et l'argent et le bronze avec Edvinas Krungolcas et Andrejus Zadneprovskis.La Bulgarie s'est particulièrement illustrée en lutte avec quatre médailles (une d'argent et trois de bronze).
Aux Jeux de Vancouver (2010), la Nouvelle Europe n'est pas en reste non plus. La Tchèque Martina Sablikova est rentrée avec trois médailles en patinage de vitesse (deux d'or et une de bronze). La Pologne s'est illustrée d'une part en saut à ski (deux médailles d'or de Adam Malysz) et d'autre part en ski de fond (une d'or et une de bronze de Justyna Kowalczyk). Le biathlon slovaque a vu les victoires d'Anastazia Kuzmina (l'or en 7,5 km sprint et l'argent en 10km poursuite) et de Pavol Hurajt (le bronze en 15 km départ groupé). Tina Maze (Slovénie) a décroché deux médailles d'argent en ski alpin. Les Lettons ont été surprenant en luge et en skeleton avec deux médailles d'argent d'Andris Sics et Martins Dukurs et l'Estonienne Kristina Smigun-Vaehi avec sa médaille d'argent en 10 km libre départ pour le ski de fond.
Parmi les anciens champions olympiques, deux sont aujourd'hui devenus députés européens. Il y a d'une part Peter Šťastný, slovaque, Vice-Président de la Délégation à l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-Union européenne, membre de la Commission du commerce international et de la Sous-commission "sécurité et défense". Il est également chef de la délégation slovaque des députés PPE-DE. Avant d'entrer en politique, il fut joueur professionnel de hockey dans la NHL, et a été international pour la Tchécoslovaquie, le Canada et, après la partition, la Slovaquie. D'autre part, Pál Schmitt, hongrois, est Vice-Président du Parlement européen, membre du Bureau du Parlement européen, de la Commission de la culture et de l'éducation et de la Délégation à la commission parlementaire mixte UE-Croatie. C'est en escrime qu'il s'est distingué, discipline dans laquelle il fut champion olympique en 1968 et 1972. Il fut aussi Sous-secrétaire d'État adjoint aux sports (1981-1990) et depuis 1983, il est membre du comité olympique international.
L'Europe, arène des grands rendez-vous internationaux
Berceau des Jeux olympiques et de nombreux sports qui en découlent, l'Europe cultive son histoire sportive. Sur les 31 éditions des Jeux olympiques d'été modernes (incluant les prochains Jeux de Londres 2012 et de Rio 2016), l'Union européenne en a accueilli 19. Pour les Jeux d'hiver, il s'agit de 11 éditions sur 22 (pour les deux catégories, en comprenant les éditions annulées de 1916 à Berlin et durant la Seconde Guerre mondiale entre 1940 et 1944).
À côté des Jeux, l'Union européenne est également l'hôte de très nombreuses rencontres sportives de haut rang :
- Coupe du monde de football (Italie 1990, France 1998, Allemagne 2006) ;
- Coupe du monde de rugby (Pays de Galles 1999, France 2007, Angleterre 2015), avec une alternance hémisphère nord Europe / hémisphère sud ;
- Championnat du monde d'athlétisme (Berlin 2009, Paris 2003, Séville 1999) ;
- Championnat du Monde de basket-ball (Espagne 2014, Turquie 2010, Grèce 1998) ;
- Championnat du Monde de handball (Suède 2011, Croatie 2009, Allemagne 2007),
- Championnat du monde de hockey sur glace (Finlande 2012, Slovaquie 2011, Allemagne 2010, Lettonie 2006, République tchèque 2004).
Elle abrite également des tournois récurrents particulièrement suivis : Tour de France, Tour d'Italie, Liège-Bastogne-Liège pour le cyclisme (l'Asie centrale y faisant une perçée remarquée avec l'équipe kazakh Astana) ; Roland Garros et Wimbledon, deux des quatre tournois du Grand Chelem pour le tennis ; les meetings de Paris, Stockholm et Londres pour l'athlétisme.
Tous ces grands rendez-vous internationaux n'en diminuent pas moins la popularité ni l'intérêt des championnats nationaux et des compétitions européennes. Si les citoyens européens ne connaissent pas les dessous de la Révolution orange, la cause de la démission du gouvernement tchèque ou le pourquoi du contentieux frontalier slovéno-croate (ou plus largement les raisons des tensions incessantes dans les Balkans), ils connaîtront le Dynamo Kiev et que le prochain Euro de football se jouera là-bas, que la République tchèque est une équipe redoutable en hockey, que la Croatie et la Serbie ont vu la naissance de très grands champions de tennis, tout cela dans un esprit sportif et avec fair play. L'Europe ne pourrait-elle pas en tirer une leçon ?
Pour aller plus loin
Sur Nouvelle Europe
- Dossier de mai 2010 : Équipe Europe : balle(s) au centre ?
Sur Internet
- Tableau des médailles, JO de Pékin 2008
- Tableau des médailles, JO de Vancouver 2010
- Le record lituanien en rugby
Source photo : Denmark-Russia-2010-Hockey-World-Cup-01, par Kragenfaultier, sur wikimediacommons