L'Europe hors-UE

Par Pascal Orcier | 10 mai 2010

Pour citer cet article : Pascal Orcier, “L'Europe hors-UE”, Nouvelle Europe [en ligne], Lundi 10 mai 2010, http://www.nouvelle-europe.eu/node/852, consulté le 06 juin 2023

Les approches géographiques et géopolitiques du continent européen ont pris acte du changement d’échelle de l’Union européenne depuis le grand élargissement de 2004-2007. L’UE à 27 – 29 en 2012 –, s’est imposée comme le système central de l’organisation politique du continent. Or, si l’on renverse le point de vue, et que l’on considère le continent dans son ensemble, on observe que l’UE ne rassemble « que » 27 États sur les 49 que compte le continent dans sa définition retenue par le Conseil de l’Europe (47 États membres + la Biélorussie suspendue depuis 1997 + le Kosovo partiellement reconnu).

 

 

europe_hors_ue.jpg

 

 

 

Europe hors-UE

Total aire du Conseil de l’Europe

total

%

Superficie

Population

Nombre d’Etats

6 016 075 km²

325,9 millions

22

57,9

39,5

44,9

10 392 855 km²

826,2 millions

49

 

 

En 2010, sur une superficie de 4 376 780 km², l’UE rassemble 500,3 millions d’Européens, soit 42,1% de l’aire définie par le Conseil de l’Europe sur les 10 392 855 km² et 826 millions d’habitants concernés. À l’échelle du continent dans ses limites conventionnelles, l’UE regroupe 68,2% de la population. Et les autres ? 

L’Europe hors-UE regroupe ainsi 22 États – un nombre en régression au fil des ans – diversement répartis sur le continent, de taille et de poids économique et démographique très variés. Ils diffèrent aussi dans la nature et l’intensité des rapports qu’ils entretiennent avec l’UE. Bref, on ne peut pas parler d’un ensemble homogène, ni politiquement, ni géographiquement. Le critère de la non-appartenance à l’UE fait-il pour autant un élément d’unité d’un tel regroupement ? Quels points communs peut-il y avoir entre la Moldavie, qui affiche le PNB par habitant le plus faible du continent (1 229 €/hab.) et la Suisse (45 814 €/hab.) ? Entre la vaste et très peuplée Russie (17 098 241 km² pour 141 millions d’habitants) et la principauté d’Andorre (468 km² pour 95 000 habitants) ? D’autant qu’il convient d’ajouter à ces 22 États des territoires européens relevant d’État membre mais qui ne font pas partie de l’UE : les îles anglo-normandes (Jersey, Guernesey), de Man, ou encore les Féroé, ainsi que les communes italiennes de Livigno et Campione d’Italia (enclavées en Suisse). Ces micro-territoires regroupent près de 250 000 habitants.

La nature et l’intensité des rapports à l’UE, la place des États ou groupements d’États dans l’architecture géopolitique du continent peuvent fournir une clé dans l’approche géographique de cet ensemble. Le fait est qu’il existe différentes catégories d’États, qu’il est possible d’identifier à partir de leur profil et de leur conception de leur rapport à l’UE : mise à l’écart volontaire, projet d’adhésion à moyen terme, rapprochement stratégique en vue d’un rééquilibrage politique et/ou économique… lorsque la question fait l’unanimité au sein de l’électorat et des formations politiques nationales ! 

On peut identifier plusieurs groupes d’États concernés par des problématiques différentes : les États de l’AELE, ceux de l’ALECE/CEFTA (Association de Libre Échange centre-européenne), ceux de la CEI, et les micro-États. La Russie et la Turquie forment des cas particuliers, en raison de leur poids économique et démographique. Ces deux États ont en outre en commun d’avoir leur territoire national à cheval sur l’Europe et l’Asie.

 

Pour aller plus loin 

Sur Nouvelle Europe

  • L'Association européenne de Libre Échange (AELE) (à venir)
  • L'Association de Libre Échange centre-européenne (ALECE) (à venir) 
  • La Communauté des États indépendants (CEI) (à venir)
  • Les micro-États (à venir)

À lire

  • Foucher, Michel (Dir.), L'Europe, entre géopolitiques et géographies, Cned sedes, 2009 

Source carte : Pascal Orcier, pour Nouvelle Europe (avril 2010) ; The Border, par Dave Levy, on flickr