

Si les gouvernements tchèque et slovaque se réjouissent l’un et l’autre du compromis atteint ce samedi 23 juin à l’aube à Bruxelles, ce n’est pas tout à fait pour les mêmes raisons et les deux États ont toujours deux visions bien différentes de l’avenir de l’Union.
La question institutionnelle a en effet fermement divisé le groupe de Visegrád entre une Pologne et une République tchèque plus eurosceptiques que la Slovaquie et la Hongrie, en faveur de plus d'intégration européenne.
La République Tchèque fait partie des sept États membres qui n’ont pas ratifié le Traité Constitutionnel européen (TCE), tandis que la Slovaquie l’a elle ratifié par voix parlementaire le 11 mai 2005 et a toujours depuis marqué son attachement à son contenu. Les deux États se rendaient donc à Bruxelles ce jeudi 21 juin avec deux perspectives bien différentes.
La Slovaquie faisait – comme la plupart des autres États membres ayant ratifié le TCE - le deuil de la forme du traité constitutionnel pour se concentrer sur la préservation du fond du TCE, et en particulier de son paquet institutionnel.
Prague de son côté, qui n’était pas pressée de ratifier le TCE, était le seul gouvernement à avoir explicitement dit soutenir les propositions des dirigeants polonais d’ouvrir le compromis institutionnel (pondération des voix au Conseil selon la racine carrée de la population des États membres), avant de néanmoins préciser mercredi 20 juin que « le soutien à la proposition polonaise n'est pas notre priorité nationale ».
Les deux gouvernements se sont dit à l’issu du Conseil-marathon – comme beaucoup d’autres – principalement satisfaits qu’un compromis ait été atteint et que la question institutionnelle quitte enfin l’ordre du jour des Conseils européens… Mais pas tout à fait pour les mêmes raisons :
Pour le Premier Ministre tchèque, Mirek Topolanek, cet accord est bon parce que « le résultat qui a été atteint, après des négociations très dures, est nettement meilleur que la Constitution européenne ». En Slovaquie, le gouvernement ainsi que l’opposition – fait rare – apprécient un accord qui préserve l’essentiel du contenu du traité constitutionnel.
Un Conseil européen sans gagnant, sans perdant ? Les réactions qu’on peut observer en République Tchèque et en Slovaquie illustrent ce propos, où chaque gouvernement met en avant ce qui est susceptible de plaire à son opinion publique.
Le gouvernement tchèque insiste sur l’inscription noir sur blanc de la possibilité qu’auront désormais les États membres d’accroître ou de réduire les compétences de l’Union, tandis que Robert Fico, le Premier ministre slovaque, met en avant, après l’accord institutionnel, l’une des conclusions du Conseil qui assure que la prochaine extension de la zone Schengen aura bien lieu le 1er janvier 2008, sous-entendant – ce que le texte du Conseil n’insinue pas – que la Slovaquie en fera bien partie.
A l'occasion de ce Conseil, le Premier Ministre et le Président de la République tchèque ont une nouvelle fois exprimé leur euroscepticisme, tandis que la Slovaquie se présente à ses partenaires européens comme un pays nettement euro-engagé.
Pour en savoir plus :
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Sur Nouvelle Europe : |
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Article : le groupe de Visegrad a-t-il encore une utilité ? |
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Sur Internet : |
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Radio Praha : le soutien réticent de la République tchèque à la Pologne, la veille du "difficile" Sommet européen |
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Radio Praha : après le Sommet de Bruxelles, satisfaction à Prague |
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Radio Slovakia : le Premier Ministre slovaque satisfait du Sommet de l'UE |