
Le crash de l'avion du Président Kaczynski à Smolensk le 10 avril 2010 ne manquera pas de figurer dans les colonnes du martyre polonais. Comment comprendre l'usage politique, la réactivation et les origines historiques du mythe de la martyrologie nationale polonaise ? Cette dernière fait-elle l'unanimité chez les Polonais ?
De la contingence des faits à leur charge émotionnelle
À l'annonce de l'accident aérien, les Polonais ont réagi avec un unanimisme catastrophé et affligé. Katyń semble être un « lieu maudit ». Deux minutes de silence le 11 avril ainsi qu'une semaine de deuil national ont été respectées. À soixante-dix ans d'intervalle la Pologne s'est retrouvée à nouveau décapitée d'une partie son élite politique : « le monde contemporain n'a jamais vu de tragédie de cette ampleur », s'est écrié le Premier ministre polonais Donald Tusk, « le deuxième désastre après Katyn », selon Lech Wałęsa... Et surtout, une question lancinante : pourquoi cela arrive-t-il toujours à nous ?
La vision d'une Pologne de nouveau sacrifiée sur l'autel des nations explique ce vocabulaire de la souffrance et du martyre pour décrire ce « deuxième Katyń », venu corroborer l'identification séculaire de la Pologne au « Christ des nations », sur les lieux de Katyń, « Golgotha » polonais et symboles des souffrances endurées à l'Est par les Polonais. Une rhétorique sacrificielle réactivée presque mécaniquement, irrationnelle, devenue topos national, et difficile à comprendre sans une perspective historique. Car le mythe d'une Pologne martyre ne sort pas de « nulle part ».
Aux origines de la martyrologie polonaise
Pourquoi la Pologne, plus qu'une autre nation, a-t-elle construit une image d'elle-même fondée sur le sacrifice et l'héroïsme ? Des éléments de réponse résident dans le statut traditionnel de la Pologne comme rempart oriental du christianisme, dans le rôle tenu par la classe nobiliaire polonaise (sens de la grandeur, foi ostentatoire garante de l'intégrité nationale et conviction de l'influence extérieure sur la vie de la nation), dans les images d'Épinal élaborées par les poètes de la Grande Émigration à la suite des démembrements de la Pologne, et enfin dans la précarité d'une souveraineté nationale régulièrement mise à l'épreuve et ayant induit une tradition d'insurrection.
Les contingences de l'histoire ont fait en sorte que la Pologne n'emprunte pas le chemin de l'investigation scientifique et « positiviste » de son histoire (la fin du XIXe siècle constituant pourtant l'âge d'or du paradigme positiviste). Un mythe consolateur s'est créé, qui possède des éléments de vérité, puisqu'il ne peut se comprendre qu'en référence à la réalité de l'histoire, mais qui a sublimé et magnifié les contours de celle-ci. Au temps de l'émergence des nations en Europe, la Pologne privée de souveraineté a, par la voix de ses poètes, imprimé une vision téléologique à son histoire, celle d'une nation vouée au sacrifice d'elle-même, vision qu'a peu contribué à déraciner l'histoire du XXe siècle.
Reste à comprendre la force d'inertie de ce mythe, le besoin qui pousse à le réactiver, les composantes de son actualité, comme lors du crash de l'avion présidentiel polonais.
Un mythe et son mécanisme opératoire : les raisons d'une réactivation
La réactivation du mythe martyrologique polonais ne constitue pas la simple expression d'un dolorisme affecté ; il exprime une positivité et une force d'affirmation, ce qu'illustre « Katyń 2 ».
Ce mythe exprime un rapport au temps spécifique. Selon Mircea Eliade (Le Mythe de l'éternel retour), il est négation du temps historique auxquels il soustrait sa linéarité. Le mythe martyrologique permet de s'ériger contre la tyrannie de l'histoire pour redevenir maître de son destin national. Mais le mythe est aussi explicatif, il est l'histoire d'une création et d'un avènement. C'est un combat entre l'Histoire à l'intérieur du mythe, l'Histoire et l'imaginaire s'affrontent, induisant des créations d'allégories, un grossissement ou une déformation de l'image, des associations d'idées non logiques ou non directement perçues comme telles.
Il s'agit de donner du sens à son destin, de briser la contingence de l'histoire. Briser le temps historique, c'est expliquer comment un événement se produit. Le mythe explique ce qui dépasse une communauté, la façon dont une réalité considérée comme sur-naturelle advient ; il décrit l'irruption de l'étrange et du sacré. Voilà pourquoi le mythe construit une vision téléologique de l'Histoire. Il est la réponse à et le pendant logique du mimétisme de l'Histoire, et de ce qui a été interprété comme « l'éternel retour » de celle-ci.
L'agencement non chronologique mais synchronique du contenu du mythe constitue le corollaire logique de cette négation du temps historique et de sa vision téléologique, d'où son actualité toujours vibrante et sa force de loi pérenne. Dans le mythe, tout se passe en même temps, tout est toujours présent. S'y opèrent des associations de proximité ou de ressemblance, des télescopages, qui décèlent des correspondances à l'œuvre dans l'Histoire, qui traduisent et expliquent là encore en pensée l'éternel retour de l'Histoire.
Ainsi les héros polonais à la bataille de Somosierra (1808) en Espagne aux côtés de Napoléon se sont-ils réincarnés dans les belligérants de la bataille de Monte Cassino (1944), un avatar des tranchées de la bataille de Wola (1831) se retrouve-t-il dans l'Insurrection de Varsovie (1944), un « deuxième Katyń » survient-il soixante-dix ans jour pour jour après un premier Katyń au printemps 1940 (une semaine après la commémoration du cinquième anniversaire de la mort du Pape Jean-Paul II). La mort tragique de Lech Kaczyński a donc été reliée dans le martyrologue à celle de Gabriel Narutowicz, premier Président de la République de Pologne, assassiné en 1922 après cinq jours de présidence, ou à celle de Władysław Sikorski, Premier ministre du Gouvernement polonais en exil depuis 1939, lui-aussi décédé dans un accident d'avion. Il est vrai qu'avec le crash de l'avion présidentiel polonais, le surprenant téléscopage de l'Histoire est éloquent du point de vue de la pensée émotionnelle.
Le mythe martyrologique polonais fait partie d'un répertoire de représentations communes, d'un code culturel propre à la nation polonaise car construit par elle à partir de son histoire propre. Selon Jan Prokop, ce répertoire est une « maison », un « lieu d'où je pars pour aller voir le monde » et qui n'exclut donc pas l'appartenance à d'autres communautés. C'est un « bien commun » qui transcende les clivages idéologiques, un moyen secret de communication, un mot de passe, un ciment identitaire qui relie les Polonais sur le plan de l'imagination et de l'émotion, qui distingue le « nous » des « autres », et qui permet de s'imposer à autrui. Mais, souligne Jan Prokop, « il n'est pas facile de se soucier, en plus, de l'impression que nos danses lugubres et incompréhensibles d'indigènes barbouillés de sang vont faire sur les spectateurs de l'autre rive heureuse », à savoir l'Occident...
Krzysztof Pomian a rappelé à l'occasion du crash de Smolensk la « peur du vide politique » habitant les Polonais, le sentiment endémique de précarité de l'État : « Les Français ont la conviction chevillée au corps que l'État continue. Pas les Polonais : toute leur histoire leur a appris le contraire ».
Le mythe martyrologique polonais montre un double dialogue. Il s'agit tout d'abord du dialogue du « modèle » de la nation et de la « vie », visible dans les productions littéraires, romans, poésies, chants, peintures et aujourd'hui, cinéma (cf Andrzej Wajda), productions littéraires qui ont formé l'imaginaire national polonais. Jan Prokop souligne le dialogue que nouent les œuvres polonaises d'une époque avec celles du passé. Selon lui, ce dialogue ne fait pas fi du passé et se recentre sur une trajectoire existentielle et essentielle : « comme le passé est toujours présent sous la forme du mythe, les morts des guerres anciennes, les errants, les exilés se tiennent aux côtés des combattants des guerres nouvelles, les mêmes mères pleurent sur la tombe du uhlan, de l'insurgé, du légionnaire, du soldat à la chapka carrée et du résistant de l'AK [Armia Krajowa, Armée de l'Intérieur, c'est-à-dire le groupe de résistance non communiste en Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale] au brassard noir et rouge ».
Le second dialogue, entre la vie et la mort, rejoint le premier. Pour Agata Bielik-Robson, les Polonais vivent simultanément dans une culture de la vie et une culture de la mort. Elle voit dans le deuil du Président polonais un « triomphe de Thanatos polonais », et rappelle la « thanato-politique » basée sur la mémoire du martyre de feu Kaczyński. Cette importance de Thanatos s'explique par la fonction d'argument conférée à la mort. S'inspirant des analyses de Freud dans Totem et Tabou, elle conclut que l'inhumation du couple présidentiel polonais au Wawel a une signification « totémique » et non « politique ». Elle a en somme valeur cathartique et réparatrice. Dans le même ordre d'idée, Robert Mazurak (Rzeczpospolita) a déclaré que l'enterrement du Président Kaczyński au Wawel n'était pas celui d'un homme mais celui d'un symbole.
Le palais et la basilique du Wawel, réunion du trône et de l'autel, exemplaire de la dichotomie du profane et du sacré, consistent depuis leur origine en une entreprise de domestication de la mort : y sont enterrés les rois de Pologne, le poète Adam Mickiewicz, Józef Piłsudski, vainqueur de la guerre russo-polonaise de 1919-1921 et artisan de l'indépendance polonaise, ou Władysław Sikorski. L'historien Jan Błoński précise que le Wawel en son origine n'a pas pour fonction d'incarner ou de sanctionner un état de fait ; il revêt avant tout une dimension spectaculaire et sémantique car il met en scène une certaine idée que la nation se fait d'elle-même. Il a valeur performative car il crée une grammaire mythologique. Cette dextérité à se mouvoir entre le symbole et le politique est peut-être aussi la garante d'une certaine dextérité à séparer les deux dimensions.
Cet élément permet de comprendre le comportement politique de l'électeur polonais dans la perspective de l'élection présidentielle du 20 juin prochain. Selon Piotr Smolar, « les électeurs ont toujours fait la distinction entre le sacré et le profane » ; il rappelle que les Polonais ont élu à la présidence l'ancien communiste Aleksander Kwaśniewski, tout le contraire d'un Kaczyński. Le mythe martyrologique n'enivre pas toute la nation et n'occulte pas l'évaluation critique et rationnelle de chacun.
Une martyrologie nationale pas si monolithique et fédératrice que cela...
Le mythe martyrologique polonais a montré à l'occasion du crash de Smolensk qu'il ne faisait pas l'unanimité au sein de la société polonaise. Cette tendance à l'évaluation critique du mythe n'est pas étrangère à l'histoire de la Pologne ; elle traduit une double conception du patriotisme polonais. Il ne s'agit pas en général de déconstruire le mythe mais bien plutôt de le reformuler.
Le crash de Smolensk a suspendu le débat public et tout jugement politique dans des médias qui ont contribué à créer un effet boule de neige autour du deuil, entretenant une véritable « spirale de la tristesse et de la souffrance » (Wiesław Godzic, vice-recteur de l'École supérieure de psychologie sociale) dans tout le pays (rappelons aussi la proposition de présenter un candidat de tous les partis aux élections présidentielles suivantes au nom de l'unité nationale).
Cette politique du silence a induit un muselage certain des critiques dès l'annonce de la décision d'enterrer le couple présidentiel au Wawel à Cracovie, et après la déclaration de Stanisław Dziwisz, archevêque de Cracovie, ancien secrétaire du Pape Jean-Paul II et grande autorité de ce fait, selon laquelle le Président Kaczyński était « mort en héros ». Le Président défunt s'est retrouvé métamorphosé en symbole de la nation, alors qu'il avait divisé celle-ci, tandis que son frère jumeau, Jarosław Kaczyński, pouvait ainsi se hisser discrètement sur le devant de la scène. Dans ce contexte, le parti PO a préféré rester silencieux pour ne pas froisser l'opinion générale et ne perdre les voix des électeurs médians.
Des voix dissidentes ont brisé cet hommage unanimiste. Le quotidien Gazeta Wyborcza a qualifié la décision d'« hâtive et émotionnelle », Agnieszka Holland (metteur en scène et réalisatrice) a évoqué une « sorte de kitsch mélodramatique » ayant dénaturé la beauté du deuil, et la « sainteté sentimentale » dans laquelle s'était retrouvé enrobé le Président Kaczyński. Bronislaw Lagowski (philosophe et historien des idées) a pu déceler dans le deuil extraverti des Polonais un vestige des religions archaïques ainsi qu'une « auto-intoxication morale ». Le Père Kazimierz Sowa, directeur de la chaîne privée Religia.tv, a déclaré que « le Président Kaczyński [était] mort tragiquement, et non héroïquement. On meurt en héros dans la confrontation avec l'ennemi, au front, à la guerre. Pas dans un accident d'avion ». Andrzej Wajda, réalisateur du film Katyń, a rédigé une lettre au cardinal Dziwisz pour que l'Église change d'avis sur l'inhumation à Wawel, puis a émis un commentaire défavorable à cette inhumation sur le site du quotidien Gazeta Wyborcza, craignant qu'elle ne fasse que diviser le pays. En France, Jérôme Heurtaux (maître de conférences en science politique à l'Université Paris-Dauphine) a qualifié le scénario de « farce », du fait du caractère absurde de l'accident, dans la mesure aussi où la délégation présidentielle se rendait simplement à la commémoration d'un événement tragique.
Les stratégies politiques n'étaient pas absentes de cette commémoration : sur une toile de fond d'idéologisation de l'histoire et de « politique historique », il s'agissait pour le Président Kaczyński de ne pas laisser le monopole de la mémoire, du discours et de la mise en scène personnelle à son Premier ministre et adversaire politique, Donald Tusk (chef des libéraux de centre-droit de la Plateforme civique-PO), ce dernier étant venu se recueillir le 7 avril aux côtés de Vladimir Poutine à Katyń. Néanmoins, Smolensk aura été le « plus grand succès politique » du Président Kaczyński selon Tomasz Terlikowski. On a pu déclarer que la mort - ou le sacrifice - n'aura pas été « inutile » en ce qu'elle aura permis de sauver Katyń de l'oubli et de porter le massacre à la connaissance du monde entier. Kaczynski voulait peut-être ainsi instrumentaliser « l'oubli » de Katyń.
Tout cela mène à se demander si cette imagerie nationale émotionnelle ne serait pas au fond le reliquat d'un passé révolu, une pierre d'achoppement à l'entrée de la Pologne dans la modernité et à un apaisement des conflits mémoriels, de Jebwane à Katyń ? Le Père Andrzej Luter, très actif dans le débat public, a soulevé le problème de la construction d'une identité uniquement sur des deuils et des catastrophes. Et dans le sillage de la double ligne de fond patriotique, l'historien et poète Józef Szujski pouvait écrire dès 1869 que « la nation doit mordre dans le fruit dur de la réalité et non se nourrir de mets excitants ». À court terme, ce regard complaisamment martyrial peut-il entraver le processus de réconciliation polono-russe ?
L'actuel Ministre des Affaires étrangères, Radosław Sikorski, a évoqué un tournant non pas « politique », mais « émotionnel ». C'est sans doute là l'une des vertus qu'aura permis de mettre en avant le scénario martyrial. Quand on connaît le rôle des émotions dans les relations polono-russes, ce tournant émotionnel pourrait s'avérer crucial s'il n'est pas juste compassé. L'affect et les représentations collectives l'emportent bien souvent au fond sur les considérations froidement stratégiques et intéressées. Toutefois, que penser de la solidité des assises d'une réconciliation fondée uniquement sur l'affectif ?
L'émotion dans l'Histoire
L'étude du mythe de la martyrologie polonaise a permis de montrer sa capacité à mettre en contact le passé et le présent. À l'occasion du crash de Smolensk, des intellectuels, hommes politiques, ecclésiastiques ou citoyens ont engagé un questionnement, voire une confrontation, avec cette part de leur identité. Repoussoir de l'Histoire, le mythe martyrologique polonais n'a rien d'un atavisme tragique et indépassable. Si les écorchures de l'Histoire peuvent induire des forces à ce point mobilisatrices, en quoi en irait-il autrement pour ses baumes ? Il n'est pas impossible que la charge émotionnelle d'un geste suffise à produire une mise en veilleuse des méfiances enracinées de longues dates, ou du moins qu'il en pave la voie, afin que s'ensuive alors une construction dépassionnée du rapport à autrui élaborée plus rationnellement en fonction de la réalité. Car il n'est pas dans l'Histoire qu'une pathologie des émotions ; il en est aussi une pragmatique.
Pour aller plus loin
Sur Nouvelle Europe
- Cet article fait partie d'une série consacrée à la mémoire polonaise de Katyn : 2) Katyn : vers une réconciliation historique ? ; 3) Lech Kaczyński post mortem "un mauvais président, mais un bon patriote"? (à venir)
- Szeligowska, D. (2008), « La transformation du discours patriotique polonais après 1989 », Septembre.
- Truchlewski, Z. (2007), « Comprendre les relations polono-russes », Décembre.
- Truchlewski, Z. (2009), « Westerplatte, conflits mémoriels polono-russes », Octobre.
À lire
- BEAUVOIS, Daniel. « La Pologne entre souveraineté bafouée et mythes consolateurs », in BAFOIL, François (dir.). La Pologne, Fayard, Paris, 2007
- BIELIK-ROBSON, Agata. „Totem i tabu. Polskiej tanatologii ciąg dalszy”, Krytyka Polityczna, 19/04/10
- BIELIK-ROBSON, Agata. „Polski triumf Tanatosa”, Krytyka Polityczna, 16/04/10
- Van CRUGTEN, Alain ; RUBES, Alain (dir.). Mythologie polonaise, Complexe, Bruxelles, 1998
- ELIADE, Mircea. Le mythe de l’éternel retour, Gallimard, Paris, 1981
- GODZIC, Wiesław. „TV - spirala smutku i cierpienia”, epropos recueillis par Agnieszka KUBLIK, Gazeta Wyborcza, 23/04/10
- HEURTAUX, Jérôme. « Entre deuil et échéances électorales, "la Pologne entre dans une période ambivalente" », propos recueillis par Soren SEELOW, Le Monde, 11/04/10
- HOLLAND, Agnieszka. „Śmierć, która wstecz sięgnęła”, Gazeta Wyborcza, 23/04/10
- KWAŚNIEWSKI, Aleksander. « M. Kwaśniewski : "Le climat va changer" avec Moscou », propos recueillis par Piotr SMOLAR, Le Monde, 17/04/10
- ŁAGOWSKI, Bronisław. „Jednomyślność po katastrofie”, Gazeta Wyborcza, 23/04/10
- SMOLAR, Aleksander. „Polska, Rosja i śmierć”, Gazeta Wyborcza, 16/04/10
- SMOLAR, Aleksander. „Dlacego Putin trzy razy jeździł do Smoleńska”, Krytyka Polityczna, 21/04/2010
- SMOLAR, Piotr. « L’enterrement de Lech Kaczyński dans le "Panthéon" polonais divise le pays, Le Monde, 16/04/10
- SMOLAR, Piotr. « Pologne : la politique à l’épreuve de l’exaltation nationale », Le Monde, 24/04/10.
Source photo : Matka Boska Częstochowska, par giveawayboy sur Flickr