Karoli Hindriks est devenu un phénomène dans son pays, l'Estonie. Jeune chef d'entreprise ayant déjà un bon nombre de succès à son actif (réflecteurs fashion, MTV Estonia etc.), elle a maintenant décidé de se lancer dans la course pour les élections européennes pour le compte de l'Union Pro Patria et Res Publica. A seulement 25 ans, elle est probablement l'une des plus jeunes candidates ayant une chance de décrocher un siège à Bruxelles. Mais au fait, comment voit-elle l'Europe depuis Tallinn ?
Ce qui interpelle les Français au premier abord est votre âge. Est-ce commun en Estonie que les jeunes de moins de 30 ans se présentent à des élections avec des chances d'être élu ? Comment pouvez-vous expliquer cela ?
Oui, je pense qu'il y a une légère différence. Dans les nouveaux pays, les citoyens participent à la vie sociale à une plus grande échelle. Je pense que le fait que les jeunes entrent tôt sur le marché du travail les rend plus responsables. En regardant mon CV, vous comprendrez ce que cela veut dire. Je suis fière que notre pays ait autant de jeunes décideurs qui influencent à la fois le milieu des affaires et politique. Je pense que cela rend notre société plus flexible. De nos jours, avec tous les changements économiques, être flexible est un avantage.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus vous concernant et ce qui vous a poussé à quitter le milieu des affaires pour l'engagement politique ?
Tout d'abord, j'ai été dans un environnement politique depuis le lycée. J'ai été élue Présidente du Conseil des Etudiants Estoniens. Plus tard, j'ai été élue à la mairie de ma ville où je suis ensuite devenue Présidente de deux comités. Sinon, je suis devenue entrepreneur dès l'âge de 18 ans. Tout a commencé au sein de ma confrérie étudiante. Quelques années plus tard, on m'a demandé d'aider à lancer la chaîne télé MTV-Estonie.
Aujourd'hui, dans le cadre des difficultés économiques actuelles, j'ai décidé qu'il était temps de mettre mes connaissances économiques au profit de la politique. Nous devons équilibrer l'expérience internationale et les nouvelles idées pour avoir d'importants ambassadeurs pour notre pays en Europe.
Concernant le futur de l'Europe, quel sont les deux ou trois sujets qui constitueront le cœur des débats ?
Le chômage sera l'un des mes points clefs. Aujourd'hui, de plus en plus de personnes perdent leurs emplois. En conséquence, c'est de plus en plus difficile pour les Etats-membres de répondre à leurs obligations sociales. C'est pourquoi il est important de trouver de nouveaux moyens d'inciter et informer le public qu'ils peuvent créer leurs entreprises et créer des emplois pour eux-mêmes et pour leurs amis. L'entreprenariat est un sujet qu'il faut soulever. Aujourd'hui, environ 5% des étudiants européens seulement ont bénéficié d'une éducation en économie. Différentes études ont montré que les étudiants ayant étudié l'économie ont plus de chances d'être entrepreneurs dans le futur. Dès lors que l'entreprenariat est créateur d'emplois et de valeur ajoutée, il est nécessaire de donner une éducation plus économique aux jeunes, et ce, particulièrement de nos jours. Pour l'Estonie, il est aussi important d'entrer dans la zone euro et cela sera aussi un point clef.
Si vous êtes élue, que comptez-vous faire pour promouvoir plus de solidarité et plus d'efficacité en matière de politique européenne de l'énergie ?
L'Europe a besoin d'une politique commune en matière énergétique ainsi qu'en matière de relations extérieures. Les deux sont très liées. En ce moment, nous sommes dans une situation où le système énergétique européen n'est pas correctement intégré et les gros pays ont tendance à avoir leur propre politique énergétique avec la Russie. La position de l'Union européenne n'est pas toujours aussi forte et unanime qu'elle devrait l'être. Les récents troubles entre l'Ukraine et la Russie en matière de gaz - qui ont un fort impact sur l'Union européenne - ont heureusement montré qu'une politique commune en matière énergétique était nécessaire. En ce qui concerne la consommation énergétique, j'ai l'impression que l'UE se penche déjà sur ce grave sujet. Personnellement, je conduis une Mini, qui est une petite voiture qui consomme peu. Ainsi, j'essaie d'agir de manière responsable afin d'être un exemple.
En France comme en Estonie, le taux de participation est l'un des sujets les plus sensibles à propos de ce vote. Que pouvez-vous dire pour que le maximum de personnes votent ?
J'espère que ma participation inspirera les gens à venir voter. J'ai un passé dans le monde des affaires et je suis assez jeune. Cela encouragera peut-être les jeunes, en particuliers, qui ne sont pas les premiers à se rendre aux urnes. Je veux dire aux jeunes qu'il faut qu'ils bougent parce que l'on peut faire la différence si on le veut vraiment. Voter est important.
Pour aller plus loin :
- La première réussite de Karoli Hindriks : des réflecteurs fashion
- The choice of a new generation, Itching for Eestima, 1er mars 2009