Le géant gazier a discuté cette semaine avec trois pays clés pour la construction du gazoduc South Stream : la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce.
Le géant gazier a discuté cette semaine avec trois pays clés pour la construction du gazoduc South Stream : la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce. Gazprom n’hésite pas à mettre la pression pour accélérer le projet de construction de South Stream. Ce gazoduc doit passer sous la mer Noire, en reliant la Russie à la Bulgarie, où il se divisera en une branche nord-ouest vers l'Autriche et une branche sud, notamment vers la Grèce et l'Italie.
Le président de la compagnie russe en personne, Alexei Miller, était en début de semaine à Sofia, en Bulgarie, pour discuter du projet avec les autorités du pays. Cité par le quotidien Dnevnik, le ministre bulgare de l’Economie et de l’Energie Traitcho Traikov a justifié cette visite par « le désir du géant russe d'accélérer le travail sur South Stream ». Quelques points bloquent l’avancée du projet en Bulgarie, notamment le montant des taxes de transit, jugées trop basses par les autorités bulgares. Cette rencontre était également l’occasion de discuter des nouveaux contrats de livraisons, puisque l’actuel contrat expire fin 2010. La Bulgarie souhaite que les nouveaux contrats soient directement signés avec Gazprom et non plus avec ses filiales. Cela lui permettrait de faciliter les possibilités de recours en cas d’interruption des livraisons, comme ce fut le cas pendant l’hiver 2009.
Si la Bulgarie a signé en 2008 un accord sur sa participation au projet South Stream, les négociations se sont compliquées depuis l’arrivée au pouvoir de la coalition de centre-droit emmenée par le premier ministre, plutôt pro-occidental, Boiko Borrisov. Le parlement bulgare a d’ailleurs ratifié le 3 février dernier un accord pour la construction de Nabucco, projet considéré par la Russie comme concurrent de South Stream.
Pour ne pas perdre de temps en cas de complications côté bulgare, Gazprom compte de plus en plus sur la Roumanie, qui a pourtant assuré son soutien au projet Nabucco. Pendant que le numéro 1 de Gazprom était à Sofia, le numéro 2, Alexander Medvedev, avait rendez-vous cette semaine avec les autorités roumaines à Bucarest. Dans un de ses communiqués, Gazprom indique que « la Roumanie a confirmé son intérêt pour participer au projet South Stream et a transmis à la partie russe les documents requis pour préparer l'étude de faisabilité de la pose du gazoduc à travers le territoire roumain ».
De son côté, le ministre roumain de l’Economie a déclaré devant la presse vendredi que « la Roumanie souhaite une coopération de longue durée » avec le géant gazier russe Gazprom. Les deux parties ont décidé de développer la capacité de stockage du gaz de la Roumanie, par la construction conjointe de plusieurs entrepôts souterrains. Mais surtout, Bucarest a obtenu, en échange de ce soutien à South Stream, la promesse de pouvoir importer directement du gaz russe sans passer par des intermédiaires, lorsque les contrats en vigueur arriveront à échéance en 2012, permettant ainsi un meilleur contrôle des prix.
Une inconnue demeure quant aux termes exacts de la participation de la Roumanie à South Stream. Est-ce qu’un tronçon partira de la Bulgarie vers la Roumanie ou est-ce que la Bulgarie sera contournée ? Pour le moment, le point d’encrage de la section européenne du gazoduc est le port de Varna en Bulgarie. Mais si la Bulgarie ne se montre pas rapidement un peu plus coopérative, elle pourrait être marginalisée, hypothèse que n’a pas désiré commenter un porte-parole de Gazprom interrogé par le site Euractiv.
Quant à la Grèce, déjà bien acquise à la cause de South Stream, elle est désormais prête à signer avec la Russie un accord de création d'une coentreprise pour la pose du gazoduc sur son territoire : « Nous sommes prêts à signer un accord sur la création d'une entreprise conjointe avec Gazprom », a déclaré mardi le premier ministre et ministre grec des Affaires étrangères Georges Papandréou, en visite à Moscou. La Grèce a également rappelé qu’elle soutiendrait le projet devant l'Union européenne pour que South Stream obtienne le statut de « réseau énergétique transeuropéen », à l'instar des gazoducs Nord Stream et Nabucco.
Le projet de gazoduc South Stream, promu depuis 2007 par le Russe Gazprom et l'Italien Eni, doit relier, d’ici 2013, la Russie à l'Europe centrale et méridionale en contournant l'Ukraine et la Turquie. Le projet devrait coûter près de 25 milliards d'euros.