Estonie: question de symboles

Par Philippe Perchoc | 7 décembre 2006

Pour citer cet article : Philippe Perchoc, “Estonie: question de symboles”, Nouvelle Europe [en ligne], Jeudi 7 décembre 2006, http://www.nouvelle-europe.eu/node/68, consulté le 26 mars 2023

urssLe gouvernement estonien discute une loi visant à assimiler l'utilisation de la symbolique soviétique à celle de l'Allemagne hitlérienne...

Une série d'amendements au Code Pénal devrait permettre de criminaliser "la démonstration et la diffusion de la symbolique officielle de l'ex-Union soviétique et des républiques fédérées, de même que de la symbolique du NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) et des troupes SS (Schutzstaffel), y compris les fragments facilement reconnaissables de ces symboliques" selon Ria Novosti . Ces symboles sont qualifiés dans le texte de ceux des "deux régimes d'occupation". La mesure vise notamment ceux qui brandissent le drapeau soviétique chaque année au moment des cérémonies du 9 mai célébrant la chute du régime nazi, souligne Rein Lang le ministre de la Justice.

Y compris en Estonie, cette mesure ne manque pas de poser des questions quant à la liberté d'expression. Le gouvernement souligne que toute utilisation ne sera pas interdite mais que la justice examinera au cas par cas pour déceler les tentatives d'encourager à la haine entre les communautés. Les utilisations pour des représentations théatrales ou pour des recherches seront bien sur permises, mais l'incitation à la haine pourra entraîner des peines allant d'une amende à trois ans de prison.

Cette mesure est une nouvelle accroche dans les relations russo-estoniennes comme le montre le déchainement de la presse russe. Le Ministre russe des Affaires étrangères, Sergeï Lvarov, répond: "D'un point de vue politique, je ne vois pas d'autre explication pour l'interdiction que le désir de créer artificiellement des tensions alors que nous devrions résoudre les véritables problèmes des populations russophones en Estonie et en Lettonie".  Il ajoute que plutôt que d'interdire, il vaudrait mieux miser sur l'éducation.

Au moment des débats sur la mémoire et la loi en France, Baltic Times rapporte que d'autres pays comme la Hongrie et la Lettonie ont déjà légiféré sur les symboles nazis mais aussi soviétiques et le député européen lituanien Vytautas Landsbergis appelle à une interdiction paneuropéenne des symboles communistes.