Union européenne et Afrique : tour d'horizon

Par Anaïs Delbarre | 24 juillet 2015

  

Alors que l'Union européenne traverse une crise interne sans précédent, nécessitant de re-penser les mécanismes économiques, financiers et politiques qui sous-tendent son action, Nouvelle Europe décide de se pencher sur la politique extérieure de l'Union européenne et ses relations avec le continent africain.

Ce sont en effet des relations complexes et ambigües qu'entretiennent, d'un côté une Union européenne de 28 Etats ayant choisi de communautariser une grande partie de ses politiques économiques et commerciales, et de l'autre un vaste continent formé de 54 Etats, réunis depuis 2002 dans le cadre de l'Union africaine, et pour beaucoup indépendants du joug colonialiste européen depuis les années 1960. Comment les échanges sont-ils caractérisés et quels sont en 2015 les nouveaux enjeux entre Afrique et UE ?

Le mot d'ordre conditionnant chaque action de l'Union européenne à l'égard de son voisin du Sud semble être le mot "aide" : une aide tout d'abord financière qui se matérialise par les budgets conséquents alloués au Fonds européen de développement chaque année, dont 40% des financements sont dirigés vers l'Afrique, ou par l'aide humanitaire, mais également par une aide militaire lorsqu'il s'agit d'intervenir pour solutionner de graves conflits sécuritaires comme celui du Soudan entre 2003 et 2008. L'Union européenne peut se constituer conseillère en matière de justice (avec la création de la Cour pénale internationale en 2002) ou en matière de respect des droits de l'Homme et de démocratie. De fait, elle apporte aide et expertise dans des domaines précis identifiés par l'ensemble de la communauté (à travers les Accords de Lomé successifs, puis l'Accord de Cotonou depuis 2000).

Chaque Etat membre conserve en parallèle la liberté de nouer des relations privilégiées (le plus souvent commerciales) avec des Etats africains choisis. L'existence d'une politique africaine commune menée par l'Union ne supprime donc pas la multitude de contacts bilatéraux noués entre Etats africains et Etats européens, le plus souvent fruits d'un passé colonial commun. Une aide, pensée comme nécessaire, est certes apportée, mais elle peut s'accompagner de la signature de contrats commerciaux entre parties européennes et africaines.

Le dossier du mois de juillet 2015 réfléchit sur ce concept d' "aide" européenne à l'égard de l'Afrique, sur la légitimité de l'Union à intervenir et sur les réactions africaines face à ces interventions. Sonia Fodil-Cherif retrace les grandes lignes de la politique d'aide au développement menée par l'Union européenne en Afrique, tandis qu'Hélène Mangold illustre le cas d'une intervention militaire européenne au large des côtes somaliennes dans l'objectif d'éradiquer les actions de piraterie. Anamaria Blăjan analyse le rôle de de la Cour pénale internationale en Afrique et des différents tribunaux pénaux, dont la plupart ont été créés suite à des conflits sur le sol africain, ainsi que le rôle de l'Union européenne en termes de développement de la paix et de la démocratie. Afin de ne pas privilégier une approche entièrement communautaire, Francis Masson révèle les tendances de la politique africaine allemande et les grands dilemmes auxquels doit faire face la Chancellerie. Enfin, Nouvelle Europe termine son dossier du mois par un article de Romain Denninger sur les routes prises par les migrants de Syrie et du Sahel pour rejoindre les côtes européennes. Car si l'année 2015 est pour l'Union européenne source de tensions concernant la dette grecque, les enjeux liés aux migrations africaines restent toujours aussi prégnants et nécessitent de la part des 28 union et solidarité.

Dans le dossier de juillet 2015

 

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