Après l’Irlande au cours de la première moitié de l’année, c’est la Lituanie qui a pris en juillet pour six mois la présidence du Conseil de l’UE. A ce petit Etat revient la lourde tâche de conclure un certain nombre de dossiers législatifs, la perspective des élections européennes de mai 2014 marquant la trêve des négociations législatives entre le Conseil et le Parlement.
La Présidence, qui se veut ambitieuse et volontaire malgré des ressources forcément plus limitées que celles des grands Etats, s’est fixé trois objectifs clés, reflétant sa vision pour l’Europe et l’avenir du continent : restaurer la crédibilité de l’Europe, par un secteur financier et des finances publiques stables, ainsi qu’une gouvernance économique efficace ; restaurer la croissance européenne, en mettant l’accent sur les investissements dans la recherche et l’intégration du marché intérieur ; enfin, assurer une Europe ouverte, capable de promouvoir les valeurs démocratiques dans le monde et dans son voisinage, de créer un environnement sûr et de défendre activement les droits de ses citoyens.
De ce dernier objectif découle l’attention particulière de la Lituanie sur le Partenariat Oriental, le volet « est » de la politique européenne de voisinage. Le sommet de Vilnius, abordé par Henri-François Caudrelier ainsi que par le député Leonidas Donskis dans un entretien publié dans ce dossier, représentera en novembre la culmination des efforts diplomatiques lituaniens dans la poursuite du processus d’amarrage des Etats de l’ancien bloc soviétique à leur grand voisin occidental. La Lituanie voit dans la signature et la finalisation des Accords d’Association une chance unique pour l’UE d’encourager les processus de réformes démocratiques engagés dans les Etats du voisinage et de contrer l’influence toujours très forte de Moscou, présentée par Claire Dilé dans ce dossier.
On ne sait pas encore exactement quel sera le bilan de la Présidence lituanienne en termes législatifs. La Directive tabac, traitée par Claire Martin, est un bon exemple de la sensibilité et de l’importance des dossiers à traiter dans les prochains mois. Ce que l’on peut d’ores et déjà retenir cependant, c’est l’engagement activiste de la Lituanie dans la promotion et l’intégration du voisinage. Le sommet de Vilnius en novembre prochain dira si ses efforts seront couronnés de succès. Au moins, la Lituanie aura tenté de tourner une Union empêtrée dans ses difficultés économiques et financières vers le reste du monde. Elle aura eu le mérite d'encourager les Européens à se rappeler d'une autre dimension de l'Europe, au-delà des bail-outs et des mesures d'austérité, portée par une dynamique d'intégration, d'unification, et d'expansion des valeurs et de l'acquis européens. Un projet ambitieux, à l'image de la politique étrangère de cet Etat depuis la chute du bloc soviétique, comme nous le rappelle Philippe Perchoc.
Dans ce dossier
1989-2013 : La politique étrangère lituanienne du Kremlin au Justus Lipsius, Philippe Perchoc
Entre Bruxelles et Moscou: les Etats du Partenariat Oriental, Claire Dilé
Le sommet de Vilnius: vers un rapprochement des pays du Partenariat oriental avec l’UE ?, Henri-François Caudrelier
La présidence lituanienne peut-elle encore faire adopter la directive tabac ?, Claire Martin
Sur la version anglaise de Nouvelle Europe
Interview with MEP Leonidas Donskis, Claudia Louati
Source photo: flickr