La défense européenne

Par Claudia Louati | 17 janvier 2014

  

Le Conseil européen de décembre 2013, qui devait mettre la défense au cœur de l’agenda politique des Etats membres, offrait une occasion parfaite à Nouvelle Europe de faire de ce sujet le thème du dossier de janvier.

Si la crise a poussé bien des Etats à faire des coupes drastiques dans leur budget militaire, comme le montrera Claire Martin dans son article, elle a aussi eu pour conséquence l’omniprésence dans les débats politiques et dans les médias de sujets économiques et financiers, cruciaux pour l’avenir de l’UE mais difficilement conciliables avec une réflexion de fond sur l’avenir stratégique et militaire de l’Europe. Pourtant, l'avancée du processus d'intégration dans le domaine sans doute le plus sacré de la souveraineté nationale nécessite de se poser un certain nombre de questions: quelles capacités? quel type d'opérations? où intervenir? et quelles relations avec les organisations existantes, en particulier l'OTAN, question abordée par Matteo Ricci?

L'absence de réponses concrètes à ces questions, ainsi que des priorités différentes et des divergences politiques et culturelles sur la nécessité de l’Europe « puissance » ont depuis toujours freiné la construction d’une politique commune de défense. La difficulté vient également du fait qu'une politique de défense va nécessairement de pair avec une politique étrangère commune. Pour définir des objectifs stratégiques et militaires communs, il faut partager une même vision du monde et une même perception de ses intérêts nationaux, ce qui semble encore loin d'être le cas pour les 28. Entre l’échec de l’UE dans les Balkans au milieu des années 90 et la cacophonie européenne dans le récent conflit syrien, abordée dans ce dossier par Willy Kokolo, il semble que les Européens ne soient pas plus capables aujourd’hui qu’hier de définir une position commune. Des tensions aux portes de l'Europe soulignent pourtant la nécessité d'une UE forte: la situation de la Transnistrie, décrite par Andreea Flintoaca, nous rappelle que sa mission de pacification du continent n'est pas finie.

Il faut cependant essayer de voir les aspects positifs: les avancées institutionnelles du Traité de Lisbonne et la multiplication des opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’UE, malgré leurs limites, montrent qu’une volonté d’accroître la coopération existe. Résultat de motivations différentes – croyance dans la vocation de l'UE à garantir la paix pour les uns ou projection d’ambitions nationales pour les autres – la défense européenne avance, même si c'est à (tout) petits pas.

Les résultats du sommet européen ont bien été limités comme nous le montrera Matteo Ricci dans un deuxième article. Il aura cependant eu le mérite de remettre la défense sur le programme de travail des prochaines années, avec un nouveau rendez-vous déjà fixé en juin 2015. L'UE sera alors dotée entre autres d'un nouveau représentant permanent, d'un nouveau Président de la Commission et d'un nouveau Président du Conseil. L'occasion d'un renouveau de la réflexion européenne en matière de défense et plus généralement sur la place de l'UE sur la scène internationale?

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Source photo: EUTM Somalia member holding EU flag, flickr