La route des Indes, la Grande Muraille, les temples sont autant de symboles de fascination de l’Europe pour l’Asie, ce continent multiple. Aujourd’hui, de nombreux économistes et hommes politiques parlent d’un « shift to the East », en référence au dynamisme et à la forte croissance observés en Inde, en Chine et dans d’autres pays asiatiques. Au-delà des a priori et des systèmes de valeurs, quelle place l’Asie occupe-t-elle dans l’imaginaire européen ? Inversement, comment chaque pays d’Asie fait-il face à l’Europe ? Quelles relations diplomatiques sont nouées ?
Depuis les années 1990, les relations Europe/Asie se sont caractérisées par une accélération des échanges commerciaux. De nombreuses firmes européennes ont en effet commencé par ouvrir des filiales dans les pays dits « dragons » et « tigres », avant d’investir en Chine. Ces relations commerciales sont loin d’être monolithiques et varient en fonction des pays. Par exemple, l’Europe procède à davantage d’échanges de gammes avec le Japon (50% des échanges extérieurs) qu’avec la Chine (13%), qui demeure encore un pays-atelier. Toutefois, de nombreux acteurs économiques et politiques européens s’inquiètent de cette désindustrialisation de l’Europe au profit de la Chine. Depuis plusieurs années, on voit également des firmes indiennes investir en Europe. On peut penser à la stratégie du groupe indien de sidérurgie Mittal, qui avait pratiqué une OPA sur Arcelor, un groupe européen. Quelles analyses peut-on donc faire de l’ensemble de ces stratégies commerciales ?
Symbole même de ces échanges commerciaux et transactions financières, l’euro est une monnaie importante pour les investisseurs, et sa part continue d’augmenter dans les réserves de change. C’est pourquoi la crise de la monnaie unique, qui s’est déclenchée sur fond de crise économique mondiale, produit des conséquences non seulement sur le plan européen, mais aussi sur le plan asiatique. Les équilibres mondiaux se sont d’ailleurs modifiés. La Chine a acquis le statut de puissance mondiale et cherche à se repositionner sur l’échiquier international. Dans un contexte où l’on parle de plus en plus de « gouvernance mondiale », on peut s’interroger sur les défis qui attendent les relations Europe/Asie.
Au-delà de l’établissement de structures diplomatiques, certains événements conjoncturels viennent bouleverser les relations bilatérales entre les deux continents. La mort en décembre dernier de Kim Jong-il, le « Cher Dirigeant » de la République populaire démocratique de Corée, et la libération en novembre 2010 de Aung San Suu Kyi, la « Dame de Rangoon », qui œuvre désormais pour l’instauration de la démocratie au Myanmar, posent la question des relations politiques entre l’Europe et certains pays d’Asie, et notamment la question d’une diminution des tensions. Outre les droits de l’homme, la non-prolifération des armes nucléaires reste, par exemple, un sujet qui préoccupe l’Union européenne, et qui fait l’objet de pourparlers et de négociations à voix multiples.
Dans notre dossier ce mois-ci
- Multiplication des accords commerciaux Europe-Asie : l'exemple du Vietnam et de l'Indonésie
- UE et ASEAN : deux organisations internationales, deux trajectoires
- Chine et UE, quel partenariat commercial ?
- La Corée du Nord, un autre totalitarisme
- La cacophonie européenne : avant la guerre d'Irak, la crise du Vietnam
- Un dragon doux dans le village global : comment fonctionne la diplomatie chinoise?
- L’Inde et l’Europe : le cas Mittal et les médicaments bon marché
- Quel rôle pour l’Europe dans la construction des futures villes chinoises ?
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Source photo: Cellarius Map of Asia, Europe and Africa according to Strabo - Geographicus - OrbisClimata-cellarius sur wikimedia