Les Allemands et les Autrichiens ont voté fin septembre 2013 pour les législatives. En regardant les résultats, des parallèles apparaissent à première vue : une Grande Coalition entre les conservateurs (CDU/CSU et ÖVP) et les Social-démocrates (SPD et SPÖ) sort vainqueur des élections.
En Allemagne, le CDU/CSU de la Chancelière Angela Merkel vient de signer son accord de coalition avec le SPD, ayant « perdu » son partenaire de coalition, les libéraux. En Autriche, au contraire, le SPÖ a gagné avec un quart des votes pour continuer une longue tradition de Grande Coalition, celle-ci étant par ailleurs encore en négociations – il faut en outre noter que le FPÖ, parti populiste d'extrême droite, a obtenu 20,51% des voix et gagnerait les élections aujourd'hui selon les sondages. Que peut-on alors dire sur les résultats des élections ? Dans quel contexte européen et national faut-il les comprendre ?
Une boutade autrichienne dit qu'il y a un Autrichien dont on croit souvent qu'il est Allemand et un Allemand dont on croit de la même manière qu'il est Autrichien. Le premier homme est Adolf Hitler, le second Ludwig van Beethoven. L'exemple ne montre pas seulement qu'il y a toujours eu de nombreux échanges entre ces deux pays voisins, mais aussi que leurs particularités ne sont pas complètement claires dans les perceptions extérieures.
Les Allemands et Autrichiens sont-ils donc similaires ou différents ? Les Allemands sont-ils les grands frères des Autrichiens ? Après tout, ils se comprennent – au moins s'ils parlent le Hochdeutsch, le langage standard, et non un dialecte régional ; ils partagent un héritage culturel et historique et vivent dans des système politiques similaires – mais non semblables. Or, le diable est dans les détails. C'est de ces petits « si » et « mais » dont s'occupe ce dossier consacré à l'Allemagne et à l'Autriche en observant le paysage politique, culturel et sociologique dans ces pays de perspectives différentes.
Quels étaient les enjeux des campagnes électorales de septembre dernier ? Quel rôle l'Europe a-t-elle joué dans ces campagnes – et quel sera inversement le rôle des résultats de ces élections pour la politique européenne ? Dans quel contexte domestique faut-il comprendre les résultats ? Nous nous attacherons ici plus précisément à observer des spécificités politiques comme le partenariat social ou le « Proporz » autrichien (la participation proportionnelle des deux grands partis à tous les niveaux du gouvernement et du service public). Autre similarité entre l'Autriche et l'Allemagne : l'histoire de l'immigration, la composition de la population immigrante, les défis de l'intégration. Peut-on dire dans les deux cas que « multikulti ist tot » ?
Enfin, si l'Allemagne est bien connue et très présente dans l'actualité européenne, l'Autriche ne l'est pas autant. Certes, en ce qui concerne la culture, on connaît les grands noms de la littérature (Stefan Zweig), ou de la musique classique (Mozart) et de l'art (Gustav Klimt), mais existe-t-il des particularités nationales, ne serait-ce que des stéréotypes ? Quelle image les étrangers ont-ils de l'Autriche en dehors de la culture et de l'art ?
Dans le dossier du mois
- Le Paradoxe Merkel par Jérémie Gagné
- L'Europe, grande absente de la campagne électorale allemande par Claudia Louati
- Quelle place pour le Sozialpartnerschaft dans la réforme des modèles sociaux allemand et autrichien ? par Tanguy Séné
- Les hauts et les bas de la vie politique autrichienne: Interview avec Caspar Einem par Annamária Tóth
Sur la version anglaise du site:
- In the Land of Schnitzel, Coffee and Newspaper Bags par Katharina Moser
- The Merkel Paradox par Jérémie Gagné
- The German grand coalition: governing without opposition par Isabel Winnwa
Photo: © Flag of Gemany and Austria sur Wikimedia