La Commission européenne avait fait fort en lançant EU-Tubes : une série de vidéos percutantes pour le plus grand site de partage américain.
Une autre initiative est passée beaucoup plus inaperçue : le lancement d'un anti-EU-tubes par l'un des derniers régimes autoritaires d'Europe, le Belarus.
La Commission européenne avait fait fort en lançant créant EU-Tubes : une série de vidéos percutantes pour le plus grand site de partage américain.
Une autre initiative est passée beaucoup plus inaperçue : le lancement d'un anti-EU-tubes par l'un des derniers régimes autoritaires d'Europe, le Belarus.
Opprimer à l'ère de l'Internet
Le vent de liberté qui a soufflé sur beaucoup de régimes autoritaires grâce à la percée d'Internet avait laissé penser que des failles pourraient lézarder les stratégies d'enfermement mises en place par la Chine et par d'autres pays non démocratiques. Certains pensaient déjà que le web jouerait un rôle bien plus grand que n'avaient joué les radios libres comme Radio Free Europe ou Radio Liberty dans la chute de l'URSS.
Le contrôle de l'information est devenu un impératif pour les régimes autoritaires afin d'éviter que les mouvements de contestation puissent communiquer avec l'extérieur, s'organiser et diffuser leurs idées auprès de la population.
C'est ainsi que la Chine, un marché en plein essor, avait d'abord installé sa propre version du célèbre moteur de recherches Google avant d'autoriser le géant américain à s'installer dans l'Empire du Milieu avec ordre de modifier les résultats de certaines requêtes. C'est ainsi que Tien an Men donne des résultats différents dans les versions américaines et chinoises de Google.
Le gouvernement bélarus, compte tenu de la faiblesse de sa population (10 millions d'habitants), ne peut pas négocier ce type d'arrangements avec les géants de l'informatique. La solution mise en place a été plus simple : bloquer le développement de l'Internet haut débit et s'assurer que les Bélarussiens paient pour le trafic qu'ils utilisent. Or, les sites d'informations ou de vidéo comme YouTubes sont de très gros consommateurs de bande passante.
C'est en partie ainsi que l'on peut expliquer que seulement 16% de la population bélarussienne utilise Internet et les mesures gouvernementales, on s'en doute, ne font rien pour en "démocratiser" l'accès.
Par ailleurs, les cyber-cafés n'offrent pas l'anonymat nécessaire à la menée "d'activités subversives" : ils sont tenus par la loi de garder la trace des sites visités.
Offrir une "alternative" aux Bélarussiens
Puisque les Bélarussiens ont du mal à accéder à ces sites, le gouvernement, soucieux de l'information de ses citoyens, a mis en ligne sa propre plateforme de partage vidéo, baptisée ITV.
Ici, pas de problèmes de bande passante : le site est sur-subventionné et les fournisseurs d'accès laissent sa consultation gratuite (elle ne compte pas dans le montant global de bande passante utilisée par le consommateur).
On comprend que les moyens audio-visuels mis en oeuvre par les autorités européennes et diffusés depuis l'Allemagne vers le Bélarus tiennent une place centrale dans l'aide apportée aux mouvements de contestation du régime.
Pour aller plus loin
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Sur Nouvelle Europe |
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Sur Internet |
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ITV |
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Transition online (TOL) |
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Le blog de TOL sur le Belarus |
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Audio |
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La politique européenne de voisinage : le triangle Union Européenne – Biélorussie, Ukraine – Russie - Irina Bolgova (MGIMO Université (Moscou, Russie)) - conférence de l'Ecole Normale Supérieure. |